Les
Master Classes de Jean-Laurent
Cochet, qui se déroulent sur une durée de deux heures,
connaissent depuis environ deux saisons, un très net phénomène
d'accélération du temps d'origine totalement identifiée.
En effet, si elles passent de plus en plus vite, comme un rêve, laissant toujours le public surpris quand le Maître lève le siège, c'est en raison de la qualité du travail des nouvelles générations d'élèves qui s'avèrent, aux dires mêmes de ce dernier, beaucoup plus rigoureux et impliqués que, semble-t-il, leurs aînés.
Le Cours public d'interprétation dramatique de ce soir en est l'illustration parfaite puisque que toutes les prestations ont reçu, bien évidemment un accueil chaleureux des spectateurs, mais surtout des satisfecits sans réserve de la part du professeur.
La soirée débute, comme souvent, par une fable de La Fontaine en forme de joute verbale et de réflexion métaphysique sur l'éphéméréité de la vie, en l'occurrence celle de "Le vieillard et les trois jeunes hommes" qui sera suivie du poème "Une charogne" de Baudelaire qui, est-ce un pur hasard, présenté par le même élève, Benoît Chauvin, s'inscrit dans un registre analogue et un beau texte écrit et dit par Benoît Adet fervent admirateur de Paul Claudel.
La soirée est placée sous le signe du théâtre du 20ème siècle avec une scène pleine d'émotion de "La bonne âme du Se-tchouan" de Bertold Brecht par deux jeunes comédiens d'origine russe(Zuzana Mikytova et Anton Rival) mais également de la comédie.
Au programme, une scène désopilante entre la pétulante épouse du joaillier et le boucher qu'elle aguiche ouvertement dans "Lucienne et le boucher" de Marcel Aymé dispensée par Bertrand Poncet et Bérénice Bala, la scène croustillante des retrouvailles inopinées entre Vatelin (Giovanni Castaldiet sa maîtresse anglaise Juliette Delacroix dans "Le dindon" de Georges Feydeau, une scène pleine de drôlerie de "L'apollon de Bellac" de Jean Giraudoux avec Romina Hamel et Thomas Gauthier et l'échange caustique entre Ornifle (Franck Cicurel) et sa secrétaire Melle Suppo (Rebecca Saada) tirée de "Ornifle ou le courant d'air" de Jean Anouilh.
L'incursion dans le répertoire classique se fera avec une scène entre Néron et Narcisse extraite de "Britannicus" de Racine interprétée par respectivement par Federico Santacroce et Pierre Boucard.
Et, surtout, avec "On ne badine pas avec l'amour" de Alfred de Musset qui constituera le moment de grâce de la soirée, et l'émotion qui submergera Jean-Laurent Cochet en témoigne, avec la scène dite "de la fontaine" entre Perdican et Camille avec deux jeunes comédiens, Caroline Menon-Bertheux et Paul Gorostidi, qui s'y montrent donc, selon les propres termes de ce dernier, exceptionnels. |