Il pleut et les grenouilles sont heureuses !
Deuxième journée de festival : des bonnes surprises, des confirmations, des découvertes, et une soirée qui met la scène féminine à l’honneur… Voilà un jour qui n’est pas férié pour rien !
Il fait froid et humide ? Et alors on n’est pas venu pour bronzer !
Deuxième jour… journée de la femme ! Au programme : Chloé Lacan, Jeanne Cherhal, Naïf, Olivia Ruiz, Carmen Maria Vega sur toutes les scène du festival !
C'est beau, c'est bon, c'est bien, c'est féminin !
Mais n'oublions pas Eddy La Gooyatsh présent pour le concert du midi à l'éphémère.
Eddy la Gooyatsh
Pour moi comme pour Eddy la Gooyatsh qui se croyait encore être en soirée, 12h était une heure bien tôt pour débuter cette deuxième journée de Paroles et Musiques. Et pourtant, que nenni ! Une foule de téméraires attendaient impatiemment l'arrivée de l'artiste. Et pour cause ! Eddy la Gooyatsh, c'est vraiment tout un personnage ! Entre une voix inimitable, un vrai - faux égocentrisme qu'il utilise avec humour, et des chansons entraînantes marquées par divers instruments tropicaux, Eddy a su rapidement charmer son public. Une atmosphère de proximité et de connivence s'est installée dans la petite salle de l'Ephémère par sa prestation attachante et chaleureuse. Alors, c'est sans aucune retenue et avec un grand sourire que les spectateurs se sont prêtés au jeu, en participant activement aux chansons par un joyeux chœur de "lalala". Bref, Eddy la Gooyastch c'est une pointe de poésie, un brin de fantaisie et surtout beaucoup de bonne humeur et de drôlerie!
Lauriane Clément
Chloé Lacan – Jeanne Cherhal
Moi ce que j'aime finalement dans la chanson, c'est qu'on me raconte des histoires, de belles histoires, quelles soient gaies, drôle, tristes ou horrifiantes.
Et Chloé Lacan fait partie de ces belles conteuses musicales, qui vous emportent dans des univers si proches du votre que vous vous délectez à l'écouter.
Elle est fraiche, dynamique, coquine et rigolote. Elle joue avec sa voix comme elle joue de son accordéon, des graves, des aiguës, du gouailleur, des notes fluettes. Quelques reprises, notamment "Fais-moi mal" de Boris Vian, très bien réussi. Elle y met une note d'humour… noir… et joue en même temps de sensualité.
Ses histoires, ce sont des histoires de tous les jours pour les jeunes femmes modernes, sur les thèmes de l'amour, le sexe, les copines, les bébés. Elle dit tout ça simplement. Et c'est ce qui fait sa richesse. Le public est captivé, et très présent. ça se trémousse, ça rigole, ça applaudit très fort. Et moi, j'ai envie de dire… Encore ! Ah Et j’oubliais ! "I will survive" reprise par Chloé Lacan : fabulous !
C'est Jeanne Cherhal qui prend la suite. Là aussi, le thème du jour reste bien la femme dans tous ses états. C'est plus rock & roll, c'est plus triste aussi.
Si Chloé parlait en femme libérée avec une touche d'humour, des relations avec les hommes, Jeanne chante aussi d'une manière totalement désinhibée, les textes d'une femme plus blessée, plus amère avec les sentiments amoureux, plus souffrante.
Accompagnée du groupe Secte Humaine (groupe qui a notamment joué aux côtés de Philippe Katerine), elle se déchaine sur scène, interpellant le public, l'emportant dans des sonorités et des imaginaires noirs et perturbants.
Ici, les histoires sont horrifiantes de tristesse et empreintes cependant d'un réalisme troublant.
Jeanne fait aussi une reprise… de Diam's, la boulette, en plus Rock& Roll et Diam's, présente pour un concert le soir même au Zénith, fait son apparition pour un duo surprenant ! La salle est chauffée, l'ambiance festival devient palpable !
Jeanne finit par danser dans la foule, les musiciens assurant le show.
Jolie prestation pour un concert d'après-midi.
Je rentre, heureuse, sous la pluie, de m'être faite deux "nouvelles copines"!
Nathalie Besset
Naïf
Enfin le temps nous a laissé une trêve qui a permis au groupe Naïf de venir jouer sur la scène extérieure du festival ! Et on avait bien besoin de leur chaleur venue d'Italie pour nous réchauffer... Naïf nous a fait entrer dans son univers éclectique, par ses chansons "franglaitaliennes" aux sonorités funky - folk. D'ailleurs, les festivaliers, abandonnent rapidement les stands, intrigués par la coiffure quelque peu atypique de l'artiste, mais aussi et surtout par son punch entraînant !
Les présentations faites avec humour, c'est avec un petit accent et beaucoup d'énergie que la jeune femme nous montre les multiples facettes de sa musique aux influences multiples. Et la sympathie qui émane de Naïf est tellement palpable que le public en oublie le temps et le froid.
C'est donc une très jolie découverte que Paroles et Musiques nous a offert, et je pense que ce ne sera pas la seule du festival !
Lauriane Clément
Les femmes au zénith… et au Magic Mirror :
Diam’s – Olivia Ruiz – Carmen Maria Véga
Chloé Lacan et Jeanne Cherhal avaient donné le ton au Magic Mirror. La scène française compte avec les filles et aujourd’hui mesdames, vous avez la part belle.
Nous continuons donc cette journée avec Diam’s et Olivia Ruiz au Zénith, pour une rencontre improbable qui a attiré un large public. Le format de la soirée offre un assemblage finalement assez cohérent.
On peut se rendre compte dès les premières minutes du concert de Diam’s que l’ambiance prend bien, le rencontre entre les deux publics fonctionne. Diam’s capte son auditoire avec un show authentique et grand public (oui, oui c’est possible).
Le format proposé correspond bien à la soirée, beaucoup d’échanges, un rap précis et accessible porté par la musicalité des choristes et musiciens font de ce moment un temps agréable.
La "boulette" occupe la scène et gère le dynamisme de sa prestation globalement avec bonheur, avec une sérénité palpable. Pour les septiques, c’est la bonne surprise de la soirée. Elle tire son épingle du jeu et alterne discours politiques, engagement personnel et retour sur des tranches de vie. Ce n’est pas toujours très consistant et parfois démagogique – mais pas plus que les poings levés "anti-guerre dans le monde" de certains concerts reggae…
En tout cas la formule correspond aux attentes d’un public familial séduit, même lorsqu’elle et sa troupe terminent le concert déguisées – décidemment c’est vraiment la mode du moment… ? – en peluche et autres Spiderman…
Le verdict est au final sans appel, le public stéphanois est enthousiasmé par la prestation. Diam’s nous a offert un beau moment. Belle démonstration !
Soyons honnête, la vague n’a pas profité pour autant à Olivia Ruiz.
Pourtant nous étions nombreux à l’attendre avec la plus grande impatience. "Miss Météores" offre certes un spectacle d’une incroyable qualité musicale grâce notamment à huit musiciens particulièrement au point. Un décor pharaonique, chambre de petite fille, accompagne le show. Notre chanteuse est belle, sa robe magnifique et ses pas de danse rythmés de coups de talons assassins.
Le dvd de la tournée sera sûrement une grande réussite. Le concert est lui une grande déception. Le spectacle vivant exige de partager avec le public plus que les quelques phrases rédigées lors de la scénarisation du spectacle.
Tout est trop bien huilé, figé, le concert est replié sur lui-même et dégage une côté égocentrique pénible pour la salle. L’ambiance est bien vite retombée et ne frémira plus que pour les tubes radiophoniques bien connus.
Timidité mal assumée ou crise narcissique – un si grand miroir sur scène ne serait mentir ? Olivia qui, pourtant, offre de belles interprétations en studio et trimballe une solide réputation sur scène ne devrait plus fermer tant les yeux quand elle chante et regarder de nouveau le public en face, il n’attend que cela.
C’est le piège de ces si grandes salles de spectacle dans lequel plus d’un sont tombés avant elle. Ce soir, le rêve n’est pas au rendez-vous, Olivia dans sa chambre de petite fille n’est pas au pays des merveilles, et nous apprenons lorsqu’il pivote, que dans cette tournée, de l’autre coté du miroir, il n’y a qu’un autre miroir !
De l’autre coté du village Paroles et Musiques le Chapiteau Magic Mirrors. Nous terminons par la grosse claque de la soirée. De ces claques puissantes qui sentent la sueur populaire et le parfum des jours de fêtes. Carmen Maria Véga, un petit bout de femme à la gueule énorme. Elle transforme le Magic Mirrors plein à craquer en joyeux bordel dont elle est la tenancière. "Madame Carmen, y’a des clients pour vous !". Et que ça hurle des grossièretés, et que ça insulte le public, et que ça frappe son guitariste. Et que ça chante ! Ça chante madame, ça chante comme on n’a pas vu ça depuis longtemps. Madame Carmen tremble de toute sa voix, pour porter ces textes dans une ambiance très années 30, avec une énergie dévastatrice. Personnage de femme castratrice à la gouaille débordante, elle absorbe littéralement l’attention du public conquis. Et ça marche. C’est une bombe dans le Magic Mirrors. Une grande soirée pour le festival.
Mais finalement tout ça c’est pour de faux ! Carmen elle est gentille, elle est belle et elle est sensible… Mais nous on s’en fout, on est comme elle on préfère jouer, alors on en redemande, des cris et de la mauvaise fois, on n’est pas raisonnable… Elle non plus ! "Merci ma chatte" !
Cyril Hortala |