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puce Les Monty Python Flying Circus : Thomas Le Douarec
Interview  (Paris)  mai 2004

Thomas Le Douarec, metteur en scène très doué de la nouvelle génération, a été l'adaptateur et le metteur en scène des deux spectacles des Monty Python Flying Circus qui ont cartonné la saison dernière en proposant aux spectateurs parisiens une version française de grande qualité des sketches des fameux Monty Python anglo-saxons.

Acteur, metteur en scène, auteur, directeur de la Compagnie Thomas Le Douarec, il a un emploi du temps bien rempli et a néanmoins accepté de nous rencontrer pour une interview

Vous avez monté les Monty Python Flying Circus. Que vous a apporté ce spectacle au plan artistique ainsi qu'en termes de carrière personnelle?

Thomas Le Douarec : Au niveau de ma carrière, c'est encore un peu récent. Mais il n'y a aucune retombée pour le moment. J'avais déjà beaucoup travaillé auparavant et j'ai monté de spectacles qui ont eu un succès beaucoup plus important même si les Monty Python étaient un beau succès parisien. Mais ce n'était qu’un succès parisien. Et le spectacle a été assez marginalisé par la profession et n'a pas été assez soutenu par les médias. Donc pas de retombée ni médiatique ni professionnelle. Ce qui m'a fait plaisir dans ce projet c'est de renouer avec un travail de troupe car j'ai retrouvé mes vieux compères de la bande, de la Compagnie Le Douarec et du cours Florent.

Le producteur Rémy Renoux a eu l'idée de me proposer ce projet car nous avions déjà travaillé ensemble sur "Le dindon" que j'avais monté au théâtre Tristan Bernard, une adaptation assez personnelle du dindon de Feydeau, avec Charles Ardillon, Grégoire Bonnet et Marie Parouty, qui étaient à l'origine de la compagnie constituée par une bande de joyeux lurons et il s’était occupé de la tournée. Il nous a cotoyé et a adoré le spectacle et l'expérience du dindon. Quand il a eu l'idée du spectacle des Monty Python, qui était avant tout un projet de producteur, il a immédiatement pensé à notre petite bande. Or, cela faisait déjà un long moment que nous ne travaillions plus ensemble pour des raisons diverses et variées et nous avions tous envie de nous retrouver dans un projet commun. Nous avons reconstitué notre petite équipe. Par ailleurs j'avais travaillé avec Yvan Garouel pour "Vol au dessus d'un nid de coucou" et avec Lucien Jean-Baptiste. En revanche, c'était la première fois pour Eric Savin et Philippe Vieux.

Ce qui était merveilleux était de se retrouver ensemble et de renouer avec le succès en faisant un spectacle populaire, retrouver l'atmosphère du dindon. Même si avec le temps je regrette, enfin je ne regrette rien, mais je pense que le spectacle aurait encore mieux fonctionner si on avait davantage axé l'accent sur la promotion autour de cette bande qui apportait sa part à l'univers des Monty Python. C'est très prétentieux mais le premier Monty Python était plus classique, plus fidèle au Monty Python anglo-saxon par rapport au deuxième où nous étions plus libérés et nous avons fait un spectacle plus personnel.

L'autre élément important, qui constitue un grand souvenir, est d'avoir rencontré des gens aussi simples que Terry Gilliam qui est venu voir deux fois le spectacle. Le premier soir il est tombé en larmes dans mes bras à la fin de la représentation et c'était extrêmement émouvant. Nous avons passé une nuit blanche ensemble à faire la fête. C'est un très beau souvenir. Ça fait partie des choses qui me resteront.

Autre fait mémorable, la création au Palais des Glaces qui était extraordinaire car on ne savait pas où on allait ni si le public nous suivrait. Il faut dire qu'au début j'étais très sceptique car adapter au théâtre des sketches télévisuels me paraissait absurde et en tout cas c'était une gageure. De plus, c'est un humour très anglais, qui a vieilli, il est un peu désuet, et qui a été tellement copié depuis les Nuls jusqu'au Robin des Bois. Donc l'adaptation à notre humour et l'adapter au théâtre ne me semblaient pas simple. J'y suis allé en traînant un peu la patte et la motivation essentielle était de retrouver les anciens de la compagnie. Et puis petit à petit, nous avons pris confiance en nous et nous nous sommes appropriés les sketches. Enfin, pas tous. Le producteur tenait à certains sketches mais qui ne fonctionnaient pas. Ce qui a été magique, ce qui peut nous honorer, est d'avoir pu réconcilier certains spectateurs avec les Monty Python u leur faire découvrir leur humour qui a priori ne les faisait pas rire.

Autre expérience extraordinaire pour moi, l'adaptation de ces sketches. Pour le Monty Python 1, une grande partie de l'adaptation avait été faite par deux suisses Martine Jeanneret et Lova Golovtchiner . Ils avaient réussi, avant nous, à monter le spectacle mais sans en avoir les droits. Ce spectacle a très bien marché, il y a longtemps déjà, et ils l'ont joué à Paris où, au bout d'un mois, ils ont dû arrêter suite à l'interdiction des Monty Python. Rémy Renoux n'a obtenu les droits que très tardivement, un mois avant le début du spectacle. Il existait donc déjà une matière et Golovtchiner et Jeanneret nous ont autorisé à utiliser leur travail. Comme nous disposions de peu de temps entre le feu vert des Monty et le début du spectacle, cet existant nous a permis de démarrer et nous avions donc du temps pour adapter d'autres sketches. En revanche, pour le 2, j'ai assuré l'adaptation de tous les sketches et là j'ai vraiment pris mon pied et de plus cela m'a permis de prendre confiance en moi pour l'écriture.

Vous avez déjà une carte de visite impressionnante . Vous êtes acteur, auteur, metteur en scène, directeur de compagnie, vous avez également enseigné l'art dramatique. D'où viennent cette passion du théâtre et la volonté d'en faire non de manière passive, en vous limitant à être acteur, mais également en étant à l'origine de projets?

Thomas Le Douarec : Tout a une seule origine. Au début, je suis acteur. J'ai commencé le théâtre dans un atelier au lycée. C'était une passion mais je n'avais jamais envisagé d'en faire un métier. Après le bac, je suis monté de province à Paris pour faire une préparation à Sciences Po et le même été j'ai fait un stage à l'école Florent où je rencontre Francis Huster qui me propose de rentrer directement en seconde année. Je me suis dit : "Ça me paraît facile le théâtre, alors pourquoi pas ?" Au lycée j'étais très apprécié par mes camarades et j'avais des facilités, j'avais toujours les premiers rôles dans l'atelier théâtre. Donc je fonce et malheureusement je me suis fait avoir parce que je me suis pris au jeu. Venant de ma province, auréolé de mes succès, je suis vite retombé face à la réalité car c'était très dur.

Les 8 premiers mois à l'Ecole Florent ont été épouvantables. Ça ne marchait pas, je ne trouvais pas ma place. C'était une belle chute. Et puis j'ai commencé à faire des castings. Et là c'était horrible ! Je n'ai pas supporté ce système où on est dépendant du bon plaisir, du bon vouloir de petits assistants qui nous traitaient comme de la merde. Mon orgueil en a pris un coup. J'ai pris sur moi et je me suis dit :"Plus jamais ça ! "

Je ne voulais plus subir cela et c'est par orgueil que j'ai réagi en créant ma propre compagnie et pour être totalement autonome. Pour survivre économiquement j'ai commencé à donner des cours car j'en avais marre des petits boulots. J'ai travaillé pendant 4 ans au Théâtre de la Ville où j'étais contrôleur et je déchirais les billets. C'était bien parce que cela me permettait d'acquérir une véritable culture théâtrale en voyant les mêmes spectacles plusieurs fois. C'était très formateur quant à l'approfondissement de la mise en scène et l'évolution du jeu de l'acteur sur la durée. Ainsi j'ai ouvert mon petit cours de théâtre qui m'a permis de vivre jusqu'au moment où la mise en scène m'a permis de vivre.

Mon premier succès populaire et commercial "Le dindon" m'a permis de gagner suffisamment d'argent pour tenter ma chance dans ce métier et j'ai arrêté l'enseignement. J'ai donc gardé ma troupe et je me suis orienté vers la mise en scène. L'origine est donc la fuite des contraintes du comédien. Je suis admiratif pour la plupart des acteurs mais moi je ne pouvais pas me vendre ainsi. C'est très violent de passer une audition et de ne pas être choisi, désiré par quelqu'un.

La mise en scène s'est rajoutée ensuite?

Thomas Le Douarec : Oui et heureusement il n'y a pas d'école pour ça.

Il y a l'assistanat..

Thomas Le Douarec : Oui, mais je n'ai jamais assisté personne. J'ai appris sur le tas. C'était un accident de parcours puisqu'en tant qu'acteur je n'avais pas de proposition intéressante. Ma chance je la dois au système de l'école Florent car pendant la 2ème année on nous autorise à faire des ateliers. Les élèves montent leur propre spectacle. Personne ne voulait de moi comme acteur car je n'étais pas star de cours. On m'a quand même laissé une chance en me donnant un rôle dans un atelier qui montait deux petites pièces de Sacha Guitry et j'en étais ravi. La plupart travaillait sur plusieurs ateliers mais moi je n'avais que celui-là. Le metteur en scène David Caris, qui est devenu un ami, qui avait monté le projet a abandonné 15 jours avant la première.

Nous étions complètement effondrés car nous avions énormément travaillé. Et je me suis lancé. J'avais toujours eu envie de faire de la mise en scène sans en avoir le courage. Donc j'ai proposé de reprendre la mise ne scène. Il sont accepté et ce qui s'est passé est assez surprenant car ça a été une révélation pour moi, tout d'un coup on rencontre son destin. J'avais trouvé ma place et les gens m'ont suivi aveuglément dans mon délire car j'ai réécris Guitry. Le spectacle s'est appelé "Maledictis". Le spectacle a eu tellement de succès auprès du cours Florent que j'ai obtenu des Jacques, sorte de Molière interne à l'école : le Jacques de la meilleure mise en scène, le Jacques de la meilleure adaptation et celui du meilleur spectacle et meilleur acteur pour un second rôle. Tout s'est éclairci pour moi : je suis rentré dans la classe libre et l'école Florent a créé pour moi et Michael Cohen, un de mes amis et élèves de la même classe, une classe libre de mise en scène qui nous permettait de créer des spectacles avec tous les élèves du cours.

Ensuite j'ai monté "Dommage qu'elle soit une putain" de John Ford, un contemporain de Shakespeare. François Florent m'a donné énormément de moyens ; nous étions 35 à travailler sur ce projet. Cela m'a permis de créer ma compagnie et de quitter l'école avec ce spectacle qui nous a permis de faire le festival Avignon. C'était du théâtre rock que nous avons ensuite joué dans plusieurs salles à Paris. Nous l'avons aussi créé lors de l'ouverture du théâtre du Trianon. Ensuite j'ai écrit un spectacle qui s'appelait "Sur le dos d'un éléphant" puis "Les sorcières de Salem" qui a vraiment fait connaître la compagnie. Ensuite sont venus "Le Cid", "Le dindon", "Le portrait de Dorian Gray", "Du vent dans les branches de sassafras" et plein d'autres ont suivi.

Mes trois premiers spectacles ont été les plus importants, ceux où on dit tout ce que l'on a à dire. Ensuite, on passe son temps à se répéter. Et quand on se répète on découvre autre chose : on découvre l'autre. On a subitement tout à apprendre de l'autre ce qui est un signe de maturité. On ne va plus forcément chercher en soi, car au départ on a des choses à sortir de soi et j'étais donc très dirigiste. Quand, comme j'ai eu la chance de la faire, on peut s'exprimer pleinement, on se nourrit alors des auteurs et des acteurs. Le metteur en scène reçoit alors cette nourriture de toute part et essaie de transmettre au spectateur.

Vous avez travaillé avec Jean Luc Jeener, auteur, metteur en scène et directeur du Théâtre du Nord-Ouest dans les caprices de Marianne. Que vous a-t-il apporté et que pensez-vous de sa conception du théâtre de l'incarnation? Par ailleurs nous avons également rencontrés les fondateurs du Théâtre Vivant dont Yvan Garouel. Où vous situez-vous?

Thomas Le Douarec : Nous formons une famille théâtrale. Ce n'est pas un hasard si j'ai travaillé avec Yvan Garouel ou Jean Luc Jeener. J'ai rencontré ce dernier qui était venu voir mes spectacles en tant que critique. Il a été un des premiers à soutenir mon travail et ma compagnie et a fait d'excellents critiques. Il ne m'a pas toujours encensé et il a été terrible parfois. Mais il a fait une très bonne critique pour "Les sorcières de Salem" où je faisais un travail d'incarnation, ce qui l'avait touché. Le théâtre de l'incarnation part du principe que le théâtre est un miroir pour l'homme et que nous, acteurs, sommes des pionniers du sentiment et que nous allons donné chair à nos angoisses, à nos sentiments, à notre part d'ombre et de ténèbres. Donner vie à tout cela et montrer aux autres hommes, aux spectateurs comment vivre pleinement la vie. Car nous sommes des vivant !

C'est pour cela qu'il y a le théâtre vivant aussi avec notamment Carlotta Clerici et Yvan Garouel. Même si moi je n'ai rien à voir avec leur forme de théâtre mais dans le fond, on fait le même théâtre. Alors après il y a la forme et là c'est très différent. Moi dans tous mes spectacles il y a la fête, j'aime la fête malgré tout, ce qu'il y a moins chez Jean Luc (sourire). Moi j'ai besoin de cette folie, c'est cela qui me différencie d'eux, c'est ce besoin d'aller le plus possible dans une folie. Ce que j'aime dans le théâtre c'est le surpassement de soi, et Jean Luc sera peut être d'accord avec moi, même si il ne le dit pas forcément. Je pense que l'homme est fait pour se surpasser. Et le théâtre nous offre la possibilité de dépasser nos limites, pour moi c'est comme une piste de décollage. Nous sommes des avions et c'est tellement difficile de quitter le sol, d'être touché par la grâce c'est tellement rare d'arriver à se sortir, de décoller de la réalité du quotidien que j'ai toujours espéré que le théâtre m'offre cette possibilité de décoller en fait.

Et même en tant qu'acteur, j'ai eu, dans certains rôles, dans certaines pièces le sentiments de flotter sur un plateau et tout d'un coup d’être touché par la grâce. J'ai été touché par la grâce 2 ou 3 fois dans ma vie d'acteur et 2 ou 3 fois aussi dans ma vie de metteur en scène. Tout à coup le spectacle que j'avais devant les yeux, que j'avais mis en scène, qui était ma vision…J'ai vu tout d'un coup ma vision me dépasser. C'est comme quand on rêve d'un spectacle et quand on le présente aux spectateurs il est non seulement comme on l'a rêvé mais en plus il nous apprend quelque chose, il nous apporte… Et ce sont ces très courts moments qui me motiveront toute ma vie.

La Compagnie du Théâtre Vivant a une vision politique du théâtre et se disent investi d'une mission.

Thomas Le Douarec : Oui c'est vrai, et je les aime beaucoup, je les admire en fait. Moi je dois vous avouer que je ne suis ni militant ni politique pour 2 sous, et je ne sais pas si je le regrette ou si je me déçois. Je me déçois sans doute parce que je suis comme je suis et je vais pas me changer pour autant. Je suis avant tout quelqu'un de léger malgré une certaine émotion, dans mes spectacles il y a toujours une part d'émotion et j'ai fait des spectacles émouvants, j'en suis tout à fait capable mais en fait je n'arrive pas à me prendre au sérieux même si j'y arrive un peu en vous répondant, en théorisant un peu mon théâtre.

Mais je ne suis pas suffisamment prétentieux pour penser que mon théâtre a un sens ou que je suis moi même en train de réaliser une œuvre. Je doute en permanence, je cherche en permanence et ce qui me fascine chez Yvan Garouel ou chez Jean Luc Jeener et chez les gens du théâtre vivant (ndlr : Yvan Garouel, Carlotta Clérici, Anne Coutureau, Mitch Hooper) c'est qu'ils sont persuadés de détenir quelque chose. Et moi je ne pense détenir aucune vérité, je n'ai aucune assurance et aucune conviction pour savoir si ce que je fais est bien ou pas bien. Je pense que je fais cela parce que c'est ce que je sais faire et c'est pourquoi j'ai été fait. Je sais donner du. plaisir aux gens. J'arrive à les faire rire et j'arrive à les faire pleurer et ça me demande beaucoup d'énergie pour le faire et c'est jamais simple, monter un spectacle demande une énergie phénoménale, j'ai cette énergie là et c'est déjà énorme !

Quelle est votre actualité, "L'amour à 3" s'interrompant jusqu'à septembre ?

Thomas Le Douarec : Oui les représentations reprendront avec les mêmes acteurs du 21 septembre 2004 au 2 janvier 2005, tout les soirs du mardi au dimanche à 20 heures et les dimanche à 17 heures.

D’ici là quels sont vos projets ?

Thomas Le Douarec : Avec ma compagnie je crée un ballet flamenco en Avignon et je le reprendrais la saison prochaine au théâtre Trévise. Avec 4 magnifiques danseuses qui vont bouleverser l'âme du flamenco car c'est un spectacle très original, très puissant, très fort et qui une fois de plus me différencie de mes compères. Je touche à tout puisque récemment j'ai aussi monté un concert avec Marianne James à la Cigale dont j'ai assuré la scénographie et la mise en lumière et puis avec Marianne cela fait un an et demi que l'on écrit un spectacle tous les deux qui est dans la droite lignée de l'Ultima récital, un spectacle musical complètement fou que je me suis remis à écrire récemment, car je n'avais pas écrit depuis "Sur le dos d'un éléphant" car je ne m'en sentais pas capable.

En fait les Monty Python m'ont redonné confiance et sans cela je n'aurais sans doute pas recommencé à écrire avec Marianne James. Marianne et moi avons un univers assez semblable et on s'éclate bien. La pièce, qui s'appellera "Marianne 2037", est quasiment terminée et on espère la monter en septembre 2005. D'autre part on reprendra les 7, 8 et 9 octobre 2004 le concert avec Marianne James et puis je prépare aussi une opérette pour la saison 2005/2006. Je prépare aussi une pièce pour le théâtre Marigny mais je peux rien en dire encore. Et ma compagnie présente un spectacle qui s'appelle "Je ne veux pas être seul" qui s'est joué au Sudden Théâtre mis en scène par un jeune metteur en scène qui s'appelle Jean Christophe Emo et dans laquelle joue mon frère Stéfan. Cela va être repris à partir du 1er juin 2004 au théâtre Trévise.

La Compagnie Thomas Le Douarec existe donc toujours ?

Thomas Le Douarec : Toujours et c'est elle qui produit "Je veux pas être seul", "L’amour à 3",qui produira le spectacle de flamenco et sans aucune subvention puisque je n'ai jamais eu de subventions depuis qu'elle existe, c'est à dire depuis 1991. Ce n'est pas faute d'en avoir demandé mais je suis considéré comme un metteur en scène commercial donc….

Vous réinvestissez donc l'argent de vos précédents spectacles ?

Thomas Le Douarec : Exactement et quand j'arrive à un succès comme celui de "Arrête de pleurer Pénélope" cela me permet de vivre ce qui fait que tout l'argent que je peux gagner ailleurs je le réinvestis dans d'autres spectacles. Je suis entièrement privé et je ne m'en plains pas. J'ai pas à me plaindre.

Et qu'en est il des projets londoniens pour les Monty Python ?

Thomas Le Douarec : En fait notre producteur a du jeté l'éponge car il a fait faillite. Donc cela compromet tous ces projets. Mais MG Production a repris la production du spectacle et donc ça va nous permettre de faire ce Best of en Avignon avec Yvan Garouel, Marie Parouty, peut être Grégoire Bonnet mais il joue actuellement dans Décalage Lombaire à la Comédie de paris. Lui est convaincu qu'il va pouvoir le faire. Charles ne pourra pas le faire car il joue la prochaine création du Splendid et Eric Savin le fera à mon avis et Philippe Vieux reviendra.

Une reprise du spectacle est-elle envisagée ?

Thomas Le Douarec : Non, MG prod souhaiterait reprendre le spectacle à Paris en septembre mais je ne pousse pas à la roue, le spectacle à bien vécu déjà et puis j'avais une super équipe. Ce qu'il faudrait c'est avoir suffisamment de moyens mais l'équipe est épuisée, usée. On l'a joué 2 ans et demi ce spectacle et on l'a monté en 1 mois et demi pour le premier, 1 mois pour le second, c'était scandaleux et on s'est retrouvé dans des situations telles que l'on est usé.

Pour revenir aux futurs spectacles, jouerez vous dans certains ou bien privilégiez vous la mise en scène ?

Thomas Le Douarec : J'ai toujours privilégié la mise en scène mais ce n'est pas un choix, c'est parce que cela a toujours été ma priorité et puis je ne suis pas connu comme comédien. Et puis en France, les metteurs en scène sollicitent rarement d'autres metteurs en scène.

C'est difficile de faire l'acteur pour d'autres metteurs en scène ?

Thomas Le Douarec : Non, ça ne me pose pas de problème, j'ai d'ailleurs mis en scène moi aussi des metteurs en scène comme Yvan Garouel et c'est un bonheur. D'ailleurs je pense que c'est la même chose pour lui. J'ai aussi joué sous la direction de Jean Luc Jeener dans "Les caprices de Marianne" et cela ne me dérange pas du tout. C'est un bonheur de faire l'acteur, mais de façon générale les metteurs en scène ont peur de travailler avec d'autres metteurs en scène je crois. Ils pensent justement qu'ils peuvent avoir un avis sur leur travail etc.. ce qui est faux car il n'y a pas plus souple qu'un metteur en scène car on veut surtout pas faire chier le metteur en scène parce que nous même on est passé par là.

Mais peu de metteurs en scène m'ont sollicité, il y a eu Jacques Descombes et Jean Luc Jeener c'est tout . Et moi je n'aime pas trop me mettre en scène moi même, je commence un petit peu mais ce n'est pas agréable. Avant je détestais ça, maintenant, avec l'expérience cela m'est un peu plus facile. Et puis avec la vidéo maintenant ça aide, on peut regarder, voir les problèmes.

Vous avez monté plusieurs fois René de Obaldia. Pourquoi ?

Thomas Le Douarec : C'est un ami. En fait la pièce que je voulais absolument monter de lui et qui m'a permis de le rencontrer c'était "Du vent dans les branches de sassafras" que j'ai monté au Ranelagh et au Petit théâtre de Paris par la suite avec notamment Grégoire Bonnet, Charles Ardillon, Marie Parouty aussi …Enfin donc on s'est rencontré à cette occasion et on est devenu ami et je lui ai demandé de se remettre à l'écriture car cela faisait longtemps qu'il n'écrivait plus pour le théâtre et il m'a fait l'honneur d'écrire "Obaldiableries" qui est une pièce qu'il a donc écrite pour moi et j'en ai été très flatté.

Et puis ensuite cela m'énervait qu'il ne soit plus du tout monté et par amitié pour lui j'ai monté à nouveau" L'amour à 3". Parce que je suis un fidèle moi, ce n'est pas un hasard si je travaille un peu toujours avec les mêmes personnes. J'aime beaucoup ce monsieur. J'aime beaucoup les vieux monsieurs. C'est un dinosaure et ils vont disparaître et avec eux disparaitra une partie de notre culture. On ne réalise pas à quel point le monde a changé. Et il a changé à une telle vitesse que ces gens là sont les derniers défenseurs d'une certaine forme de culture, d'une certaine forme de théâtre, d'une langue. Ce n'est pas un hasard s’il est à l'Académie française aujourd'hui Obadia. J'ai beaucoup d'admiration pour lui et c'est dommage qu'il ne soit plus à la mode, qu'il ne soit plus monté.

Et Dubillard serait dans le même cas s’il n'y avait pas un farfelu comme Jean Michel Ribes pour le monter et décider de faire une saison Dubillard. Et j'admire Ribes pour ça. Il emmerde tout le monde. Il dit Dubillard est pas à la mode, mais moi j'ai envie de le monter, j'ai la chance d'être directeur d'un théâtre comme le Rond point et je vous emmerde et je monte Dubillard et j'exige que tous ceux qui veulent jouer au Rond point cette saison monte Dubillard. Et il a raison et si j'avais la possibilité de le faire avec Obaldia je le ferais.

Vous parliez de la langue, est ce qu'il y a des auteurs contemporains que vous auriez envie de monter ?

Thomas Le Douarec : Tous les noms que je pourrais vous dire et que les gens connaissent sont énormément montés donc il n'ont pas besoin de moi. Ils sont toujours montés par les mêmes metteurs en scène donc je ne vais pas commencer à marcher sur leur plates bandes. J'aimerais faire découvrir de nouveaux auteurs par contre.

Vous recevez des textes?

Thomas Le Douarec : Enormément. Et notamment par les gens du métier car si je suis connu ce n'est pas vraiment par le grand public, le théâtre reste quand même quelque chose d'assez artisanal. Je reçois donc pas mal et je lis beaucoup mais il y a peu de choses intéressantes. Malgré ce que l'on peut dire et ce que l'on peut croire, je ne crois pas qu'il y ai de génie méconnu. Quand quelqu'un a du talent on s'en aperçoit vite. Mais il y a des choses intéressantes, j'ai monté un auteur qui s'appelle Jean Pierre About, une pièce qui s'appelle "Le manège du pouvoir" qui s'est joué au Théâtre 14 et que j'ai rencontré comme ça, en lisant des pièces. Je vais monter sa prochaine pièce aussi qui s'appelle "Séparation dans un jardin".

J'ai récemment déjeuner avec un auteur dont j'ai lu 2 pièces qui s'appelle Emmanuel Rodie qui est un auteur brillant, à découvrir. Maintenant à savoir si je vais le monter, si j'aurais le courage, si j'aurais le temps… je n'ai que 2 bras et 24 heures dans la journée et c'est difficile de créer un auteur contemporain.

Et si vous aviez toute latitude pour monter un auteur, un spectacle de vos rêves, ce serait quoi ?

Thomas Le Douarec : J'aimerais bien monter "le Roi Lear" mais dans des conditions exceptionnelles avec l'acteur de mes rêves, vraiment capable de jouer le Roi Lear. Je l'avais proposé à Michel Serrault et il n'a pas voulu. Je l'ai proposé à Jean Rochefort, Michel Bouquet, Michel Aumont. Tous ceux qui seraient capables de le jouer. Et puis j'aimerais le proposer à un acteur que j'aime beaucoup et qui serait aussi capable de le jouer, c'est Claude Rich. Serrault aurait vraiment été un formidable Roi Lear. Mais c'est sûr que pour monter ce genre de pièce il faut un acteur connu. Shakespeare n'est pas apprécié par les français. C'est difficile mais j'adorerais monter une pièce comme cela.

J'ai longtemps voulu monter" Andromaque" de Racine mais personne ne viendra le voir, ça emmerde tout le monde Racine. J'ai des envies comme ça mais ça emmerde tout le monde alors…et je n’ai pas la prétention de vouloir emmerder tout le monde. Ceci dit j'ai monté le Cid et c'est chiant à mourir quand c'est monté d'une façon classique. Moi j'ai voulu le monter à ma manière pour montrer aux gens que cela pouvait être passionnant et Andromaque j'ai la même prétention, de le rendre accessible pour un plus grand nombre …mais il y a du travail.


 

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