Dans un monde parallèle, le super-groupe réunissant, au summum de leur inspiration, les membres de Police et du Led Zeppelin période Houses of the holy se serait certainement appelé The Gents (contraction de "the generous thieves"). Alors disons-le tout de suite : le trio emmené par Thomas Windrif a, sur le papier, de très sérieux arguments.
Mais voilà : dans notre monde, Robert Plant est devenu vieux et Sting fait de la variété. Et si "Shadow Show" ouvre l'album en trombe, comme on lève la main pour gifler l'interlocuteur, la main retombe avant l'impact, vaincue et épuisée certainement d'être revenue une ou deux ou trois fois de trop au même coda en guise de conclusion à rallonge.
Le trio français possède tous les ingrédients d'un rock accessible et puissant à la fois, dansant, capable de se cheviller aux oreilles et d'y passer la journée, entêtant ; mais, encore trop lisses, trop maîtrisées, ses compositions ne semblent pas exploiter tout ce potentiel et l'on passe finalement à côté tout au long d'un album en demi-teintes, où l'on ne cesse jamais d'espérer le meilleur mais ne rencontre finalement rien de tout à fait convaincant.
"You'd be the end of me" ne pleure pas de larmes de sang comme le "You'll be the death of me" de Shannon Wright, mais rappelle le bien ennuyeux "One love" de U2 dans sa ligne mélodique. "All on its own", en augmentant le tempo, évoque les Pixies, mais n'en a ni la crasse ni la folie, manque d'une certaine aura de danger. En clôture d'album, "Universal love" fait tourner sans fin les mêmes mesures, à leur en faire perdre toute saveur. Les ficelles sont souvent grosses et trop peu tendues, les intros/couplet/refrain/pont trop écrits pour être honnêtes.
En neuf titres et trente trois minutes, The Gents auront réussi à mettre l'auditeur en appétit, mais pas encore à convaincre le gourmet. Un premier album plein de promesses, certainement, mais qui réclameront d'être tenues dans un avenir que l'on espère sortir un peu des chemins balisés du calibrage commercial. Trop de qualités pour que l'on pardonne au groupe de n'avoir pas de plus grande ambition. |