Pièce d'après les nouvelles de Dorothy Parker, mise en scène de Cassandre Vittu de Kerraoul, avec Marc Lamigeon, Cassandre Vittu de Kerraoul et Amandine Blanquart.
Si on devait encore présenter Dorothy Parker, il faudrait parler du New-York du début du 20ème siècle, de poèmes, de nouvelles, de son regard critique sur la société de l'époque et sur son New-York chéri où elle est décédée dans la plus grande solitude et l'indifférence générale.
Le regard de Dorothy Parker sur le monde qui l'entourait, axé sur la vie amoureuse, particulièrement pendant les années folles est le thème choisi par la Compagnie La Tornade pour en faire le sujet de cette pièce joliment intitulée "DesAmours".
Librement inspiré de textes de Dorothy Parker, ce sont 10 scènes de vie dans la société moyenne, voire haute, de New-York qui nous sont proposées, le long d'un fil narratif simple et efficace, le départ en train d'un jeune couple pour leur voyage de noce.
Si les décors sont inexistants et que seulement deux chaises trônent sur la scène, l'époque de Parker et de son New-York est plutôt bien rendue par les costumes des trois comédiens réalisés par Emilie Baillot. Comédiens eux-mêmes parfaitement ancrés dans cette époque, tant physiquement que dans leur jeu, parfois légèrement surjoué mais la plupart du temps très juste et en parfait accord avec cette idée étonnamment précise que l'on se fait de cette époque. La mise en scène dynamique et sobre rythme impeccablement le va-et-vient des comédiens sur scène et les sketches s'enchaînent sans même de rupture dans d'agréables intermèdes.
L'amour donc est au programme, avec son lot de ruptures, d'indifférence, d'envie et de jalousie. Deux scènes feront une entorse au schéma : l'une traitant davantage de l'admiration d'une fan pour un auteur à succès, certes grand tombeur de ces dames et goujat patenté, l'autre traitant de ces riches new-yorkaises aussi creuses que débordantes d'inactivité, quelques part entre la jet set et les Vamps.
Si Cassandre Vittu de Kerraoul et Amandine Blanquart campent souvent d'insouciantes, voire de naïves belles jeunes femmes, Marc Lamigeon a souvent le rôle du goujat ou du coureur de jupon, sans doute le reflet d'un certain féminisme du début de siècle passé, précédant une révolution dans l'émancipation de la femme que l'on connait.
Drôles, cruels, cyniques, les textes de Dorothy Parker bénéficient d'une très bonne traduction, apportant comme le jeu d'acteur, beaucoup à l'ambiance années folles. La mise en scène est sobre mais très juste et joue essentiellement sur le dynamisme des acteurs mais quelques petites trouvailles agréablement surprenantes émaillent le spectacle comme ce sketch joué en anglais ou bien cette voix off venant du fond de la salle.
"DesAmours" est une belle description de la société. De l'époque de Parker mais aussi, sans changer grand chose aux textes, de celle de ce début du 21ème siècle car entre des amours et désamours, il n'y aura toujours qu'un pas à franchir et le sujet reste, au théâtre, comme dans la musique ou la littérature, aussi universel et divertissant. |