Pour Les années Trianon, Catherine Hemary-Vieille nous emmène une fois de plus dans le passé. Ecrivain prolifique depuis 1981, ses romans sont régulièrement récompensés de prix littéraires, elle a reçu les décorations de Chevalier de la Légion d’Honneur et d’Officier des Arts et des Lettres… En clair, elle est douée, et ça se voit.
Les années Trianon commencent au mariage de Marie-Antoinette d’Autriche à un certain Louis-Auguste. Moi, à 14 ans, au plus fort de ma crise d’ado, j’avais un appareil dentaire, de l’acné et je me préparais pour réussir le brevet des collèges. Au même âge, Marie-Antoinette était poussée sans ménagement dans un carrosse pour un long voyage qui l’emmenait se marier au futur Louis XVI, roi de France incapable de "remplir ses devoirs conjugaux", influençable et benêt.
Marie-Antoinette a donc sacrément le bourdon dans son grand palais, avec des gens qui la regardent de travers et qui lui disent à longueur de temps quoi faire, comment le faire, quand le faire. Elle décide donc de se trouver des amis qu’elle réunit dans son "cercle enchanté", et avec lesquels elle fait la fête, se déguise, essaie des fringues et mange des pâtisseries, à l’abri des regards dans une sorte de salle des fêtes nichée au fond du parc de Versailles : le Trianon.
D’un autre temps, les faits transpirent pourtant d‘actualité. Troublant à quel point le décret de Louis XVI décrétant que les mouchoirs doivent avoir la forme carré a un écho présent dans la stupide loi interdisant les cigarettes en chocolat. Les onéreuses pensions versées à des fonctionnaires inutiles du roi font douloureusement penser aux appartements de fonction vides des ministres dont je ne citerai pas le nom. Les emprunts pour rembourser les emprunts ne sont pas d’un autre temps. Rose Bertin, reine de la mode, impose son style des fanfreluches et des colifichets inutiles. Lagerfeld, roi de la mode, impose la taille mannequin et l’IMC anorexique pour prétendre à la beauté.
Les 18 ans d’histoire du roman pourraient être si facilement transposables à notre époque que ça en est parfois saisissant. Quand on sait comment la chose a fini pour ces têtes là, l’avenir qui nous attend n’a rien de folichon.
Et c’est là que le talent de l’auteur se fait sentir. A plein nez. Le reste se passe de commentaire et fait réfléchir sur les liens historiques passé-présent. |