Le Musée de la Villa Torlonia propose, au sein du beau Casino dei Principi de la Villa Torlonia, un voyage à travers l'histoire de l'art moderne à Rome avec un "Parcours du Novocento romain" en 70 œuvres provenant de la collection de la Galleria Comunale d’Arte Moderna di Roma actuellement en rénovation.
Conçue sous le commissariat conjoint de Maria Elisa Tittoni, Maria Catalano, Federica Pirani et Cinzia Virno pour dresser le paysage artistique et culturel romain de la première moitié du 20ème siècle en 5 sections chrono-thématiques scénographiées par Francesco Stefanori qui jouent habilement sur la bi-tonalité des murs et des cimaises, cette exposition présente trois intérêts majeurs.
Outre la redécouverte de la Scuola Romana qui a été quelque peu éclipsée par le fulgurant futurisme italien et les avant gardes du début du 20ème siècle, elle permet de découvrir que celle-ci ne constituait pas un courant artistique univoque mais davantage une famille d'artistes partageant la même conception, notamment tenant à la pratique d'un nouveau réalisme, et de constater qu'elle scellait un renouveau de la sculpture basée sur un réalisme expressionniste à contre-courant du monumentalisme dominant.
Le novocento romain un embrasement stylistique
Dans les premières années du siècle, le symbolisme du Jugendstil et l'ornementalisme des Nabis viennent se greffer sur le divisionnisme, déclinaison latine du post-impressionnisme.
L'impressionnisme, le pointillisme, le vérisme et le courant décoratiste cohabitent tout en télescopant le futurisme que l'exposition aborde par le biais futurisme tardif de "l'aeropittura" que Federica Pirani, dans un des essais du catalogue de l'exposition, caractérise comme la recherche d'une vision cosmique "de la conquête de l'air à la nostalgie terrestre".
Dans les années 20, l'héritage historique de Rome, ville antique devenue capitale d'un Etat moderne et prolifique pépinière stylistique, nourrit un retour au classicisme proné par des peintres figuratifs, qui veulent retrouver la rigueur de l'art face aux avant gardes activistes et surtout face au néo-romantisme fascisant du novocento pur et dur, et qui donnera naissance au tonalisme romain.
Cette exposition constitue un passionnant focus pour ceux qui auront vu l'exposition "Italia Nova" qui s'est tenue à Paris en 2006 au Grand Palais.
Elle permet de naviguer, entre autres, entre l'expressionnisme lyrique de Mario Mafai,
le réalisme magique de Fausto Pirandello, le futurisme primitiviste de Tato, le néocubisme de Sante Monachesi, l’expressionnisme tragique chez Mario Sironi, lumineux chez Mario Mafai et néo-baroque chez Scipione, l'exubérance chromatique de Amedeo Bocchi, le le tachisme de Arturo Mancini, le purisme de Antonio Donghi, les expérimentations techniques et la recherche entre symbolisme et métaphysique de Ferruccio Ferrazzi, l'épure minimaliste de Girogio Morandi et
la peinture métaphysique de Giorgio De Chirico. |