Le MAXXI, le Musée National des Arts du 21ème siècle de Rome, connaît depuis son ouverture, le 28 mai 2010, un taux de fréquentation élevé qui tient non seulement aux collections exposées mais également à la curiosité de découvrir le nouveau bâtiment contemporain édifié dans une ville particulièrement frileuse au plan architectural.
En effet, la première novation architecturale que fut celle du Musée de l'Ara Pacis Augustae renfermant le mausolée d'Auguste situé dans le centre-ville, menée par l'architecte américain Richard Meier, fut très contestée en 1995 et ses détracteurs ont d'ailleurs réussi à force de ténacité à obtenir cette année même sinon la destruction du moins une modification substantielle.
S'ensuivit une tendance qui a consisté en la rénovation de bâtiments, usines ou entrepôts commerciaux du 19ème siècle comme ce fût le cas avec les abattoirs du Testaccio pour le MACRO Future, de la centrale électrique Montesini qui constitue le deuxième pôle monstratif des Musées Capitolins ou de la brasserie des bières Perroni pour le Musée d'Art Contemporain le MACRO, qui vient de faire peau neuve sous la direction d'une autre femme, l'architecte française Odile Decq.
Le MAXXI pour voguer sur l'art du futur.
Deuxième projet novateur donc qui voit le jour dans la capitale antique, le MAXXI qui, par sa superficie et son envergure artistique qui englobe toutes les formes de création de l'art contemporain et l'architecture, constitue un véritable complexe muséal et, par ailleurs, également un défi pour son concepteur, s'agissant de construire un musée qui, contrairement aux créations récentes, n'est pas bâti autour d’une collection existante.
Situé dans un secteur moins sensible que le centre historique, celui du quartier populaire du Flaminio, sa réalisation a été confiée à l'architecte anglo-irakienne Zaha Hadid, figure du déconstructivisme.
Conçu en symbiose avec l'environnement existant, quasiment invisible depuis la rue car adossé sur la façade conservée de l'ancienne
caserne Montello, le très attendu MAXXI a des allures de monumental paquebot en béton d'une grande rigueur stylistique mais également d'une austérité hiératique puisque opaque, la lumière étant uniquement dispensée par le toit en verre.
C'est à l'intérieur de cette nouvelle génération de cathédrale artistique que se déploie le style de Zaha Hadid caractérisé par la superposition de plans entrelacés, à la fois élégant et éthérée, qui semblent constituer un véritable défi à la gravité.
Limité à une trichromie, noir, blanc et rouge, l'édifice qui, en vue plongeante ressemble à une gare de triage, s'articule à partir d'un hall gigantesque.
Essentiellement linéaire, il est régi par une arborescence de passerelles et rampes d'accès translucides selon un dispositif qui, depuis la spirale utilisée en 1969 par Frank Lloyd Wright pour le Musée Guggenheim à New York aux galeries suspendues de Jean Nouvel pour le Musée du Quai Branly à Paris ouvert en 2006, privilégie la continuité de présentation d'un musée déambulatoire à la notion de salle d'exposition.
Le MAXXI pour l'art à venir
Comme pour symboliser la vacuité de la vie, l'immanence de l'art et la pérennité du temps, le visiteur est accueilli par "La calamité cosmique", oeuvre devenue itinérante de Gino de Dominicis, artiste italien pluridisciplinaire mort en 1998, constituée d'un spectaculaire squelette géant d'un humain mutant par son nez en forme de bec d'oiseau terrassé ou communiquant par un pieu-antenne doré avec un au-delà symbolique et l'installation "The stolen paradise" du collectif hollandais West 8 d'obédience arte povera versé dans le design urbain et le landscape art.
Car tout est à la fois fragile et pérenne. Et, pour l'heure, le siècle est jeune encore et l'art du 21ème siècle est encore à inventer.
Aussi l'essentiel des premières pièces des collections permanentes du MAXXI est-il, pour le moment, inéluctablement ancré dans le 20ème siècle.
Au fil des espaces white cube répartis sur deux niveaux, se retrouve la vieille garde, avec, fort légitimement, la fine fleur des artistes italiens, entre autres, Francesco Clemente, Giuseppe Penone Luigi Moretti, Mario Merz, Giulio Paolini, Michelanlego Pistoletto et Maurizio Cattelan, et les photographes Gabriele Basilico, Mimmo Jodice, et Massimo Vitali notamment.
Mais également celle des désormais incontournables de la scène artistique internationale tels Gerhard Richter, Anish Kapoor, Gilbert et George, Bill Viola, Sol Lewitt et les Kabakov.
Les plus jeunes talents sont déjà des valeurs sûres et des quadras tels Vanessa Beecroft, Francesco Vezzoli, Vedomazzei et Yinka Sonibaré.
A côté des collections permanentes, outre l"Immortale" la rétrospective consacrée à Gino de Dominicis conçue par l'omniprésent Achille Bonito Oliva, trois autres expositions temporaires scandent la monstration : "Mesopotamian dramaturgies", une installation filmique du réalisateur turc Kutlug Ataman, "Spazio" un focus sur la collection d'art architectural du Maxxi et sous le titre "Du rationnel à l'informel" une rétrospective consacrée à l'architecte italien Luigi Moretti.
A voir absolument lors d'une villégiature romaine et une politique d'acquisition à suivre attentivement pour les amateurs d'art contemporain. |