Comédie dramatique de Tankred Dorst, mise en scène de Dominique Pitoiset et Nadia Fabrizio, avec Pierre Bourel, Roxane Brumachon, Bess Davies, Mathieu Ehrhard, Baptiste Girard, Lucie Hannequin, Nina Krasnikova, Charlotte Krenz, Marion Lambert, Tom Linton, Roberto Magalhaes, François Praud et Tristan Robin.
Dans le cadre de la 1ère édition du Festival des Ecoles du Théâtre public se déroulant à la Cartoucherie à l'initiative du Théâtre de l'Aquarium, Dominique Pitoiset, directeur du Théâtre National de Nordeaux-Aquitaine et de l'Ecole Supérieure de Théâtre Bordeaux-Aquitaine créée en 2007, présentait en pièce de sortie de la première promotion de ladite école "Merlin ou la terre dévastée" du dramaturge allemand Tankred Dorst.
Un spectacle magnifique et magnifiquement réussi, littéralement fascinant et mené tambour battant pendant près de trois heures par une troupe composée de 13 élèves qui sont tous déjà des comédiens, ce qui paraît une évidence et qui ne l'est pas toujours pour tous les élèves sortant d'une école de théâtre même parfois prestigieuse.
Présentée sous la direction de Dominique Pitoiset et Nadia Fabrizio, l'adaptation écourtée, de cette titanesque oeuvre-monde écrite en 1981, qui comporte, dans sa version intégrale, 90 rôles pour douze heures de spectacle, commence avec la naissance du fameux Merlin l'enchanteur, qui arrive sur terre à l'âge d'homme, certes nu comme un ver mais lunettes arty sur le nez en lisant les dernières nouvelles, qu'une perpétuelle rivalité philosophico-métaphysique oppose à son père, Satan en personne, et dont la Table Ronde sera le champ de bataille.
Car cette oeuvre baroque, épique et foisonnante qui puise dans tous les registres et codes théâtraux à la manière claudélienne dans "Le soulier de satin" met en scène la légende du Saint Graal comme métaphore de la situation du monde en ce siècle ravagé par l'échec des utopies mais également métaphore du théâtre qui, en l'occurrence, est rappelée par la scénographie avec en fond de scène un décor de loge de théâtre avec une série de vestiaires et des miroirs de maquillage.
Les co-metteurs en scène ont abondé dans le sens qui va de l'opéra rock-kitsch à la comédie musicale hollywoodienne en passant par le grand guignol et la tragédie sans que jamais cela ne paraisse un exercice stylistique ou de virtuosité plaqué sur le texte pour la cause. Ce qui permet aux jeunes comédiens de montrer tant leur maîtrise de la comédie, du chant, de la danse, et même des claquettes, que de jouer les ruptures entre l'homme et le héros.
Tous doivent être cités Pierre Bourel, Roxane Brumachon, Bess Davies, Baptiste Girard, Lucie Hannequin, Nina Krasnikova, Charlotte Krenz, Tom Linton, Roberto Magalhaes, François Praud même si le coup de coeur du jour va à Mathieu Ehrhard (charismatique Merlin), Marion Lambert (impressionnante Mordret) et Baptiste Girard ( étonnant Perceval). |