Comédie de Eugène Labiche, mise en scène de Jean-Luc Jeener, avec Frédéric Almaviva, Luc Antoni, Laetitia Bertheuil, Ellyn Dargance, Isabelle Fix, Sophie Garmilla, Jehanne Gaucher, Jean-Gérard Héranger, Boris Ibanez, Yvan Lambert, Frédéric Le Guern, Féthi Maayoufi, Hervé Maugoust, Eliezer Mellul, Albert Piltzer, Guillaume Tavi et Sarah Thuy-Ly.
"Un chapeau de paille d'Italie", une des plus célèbres comédies de Eugène Labiche, repose sur le fatum du grain de sable qui au lieu de gripper la machine l'emballe à travers un mécanisme simple mais efficace, celui de la course-poursuite.
En l'occurrence, il s'agit d'un brin de paille, celui dont est tressé un chapeau qu'un cheval a mangé. Ce qui ne serait qu'une bien mince affaire s'il ne s'agissait d'un modèle rare porté par une dame mariée qui s'ébrouait en galante compagnie avec un capitaine des dragons qui dispose de solides arguments musculaires pour demander réparation.
D'autant que Fadinard, la victime de ce marathon tragi-comique, propriétaire de l'équidé gourmand, est un fringant rentier qui, le matin de son mariage, badant au bois tout à l'angoisse de cette issue prochaine, s'est peu civilement éclipsé. Et le voilà derechef propulsé dans une course au chapeau opportunément dilatoire qui le transforme en toupie volante.
De ratés en quiproquos, la quête libératoire vire au cauchemar d'autant qu'à ses trousses s'est lancée la noce menée par le futur beau-père, le fameux pépiniériste de Charentoneau, qui, même s'il s'époumone que tout est rompu, n'est pas près de lâcher le beau parti.
Dans l'économie de moyens qui préside à la scénographie des pièces montées au Théâtre du Nord-Ouest, pas de reconstitution fidèle jusqu'au bouton de guêtre ni de machinerie conceptuelle. Sans décor mais avec des costumes d'époque, Jean-Luc Jeener monte de manière sobre cette frénétique débandade, expurgée ici de ses couplets, ce qui ne retire rien ni à la satire sociale, notamment du mariage bourgeois, ni à l'exubérance divertissante de la sarabande, en confiant judicieusement le rôle principal à Luc Antoni.
Excellent comédien, il a été sur cette même scène un époustouflant Don Juan dans "Ma mort de Don Juan" de Damiane Goudet qui revisitait l'incarnation du mythe à travers sa représentation théâtrale et la dimension mystique de l'acte du comédien, il mène cette folle équipée à un train d'enfer.
Feu-follet saisi par la transe, voltigeur qui, empêtré jusqu'au coup se dégage d'une pirouette, il est tout à fait à l'aise dans le rôle beau parleur et ne manque pas d'esprit d'à-propos pour garantir la pérennité du protocole bourgeois.
Lui emboîtant le pas, dans une belle prestation chorale, une distribution judicieuse avec Yvan Lambert, le beau-père qui a mal aux pieds, Sophie Garmilla en mariée qui a une épingle dans le dos, Frédéric Almaviva, le neveu idiot, Jean-Gérard Héranger l'oncle sourd mais deus ex-machina, Jehanne Gaucher la femme hystérique au chapeau, Féthi Maayoufi en dragon matamore, Frédéric Le Guern en mari trompé qui prend des bains de pieds, Isabelle Fix en parfaite marquise, Ellyn Dargance en ex-maîtresse modiste, Eliezer Mellul le faux maire qui a ses suées, Sarah Thuy-Ly et Boris Ibanez les domestiques qui ont leur jeune sang chaud et puis Laetitia Bertheuil, Hervé Maugoust, Albert Piltzer et Guillaume Tavi.
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