Narration dramatique adaptée et mise en scène par Tatiana Vialle,
avec Isabelle Carré et
Swann Arlaud.
Dans un décor réalistico-misérabiliste épuré de Jean Haas, Isabelle Carré porte le témoignage d'une jeune femme allemande lors des mois d'enfer vécus après l'entrée des troupes russes à Berlin en 1945 après l'effondrement du IIIème Reich.
Derrière l'Allemagne vaincue souffre un peuple en dérive et à cette époque, comme partout et comme maintenant encore, les femmes, repos du guerrier et tribut du vainqueur, sont les universelles victimes de tous les conflits armés.
Adapté d'un journal autobiographique par Tatiana Vialle, qui assure également la mise en scène, "Une femme à Berlin" se présente comme un monologue ponctué de quelques contrepoints, avec l'apparition d'une figure masculine générique qui prend le physique d'adolescent torturé de l'acteur Swann Arlaud.
Une femme raconte comment le réflexe de survie et le souci d'apaiser une faim récurrente en cette période de rationnement sévère l'amènent, après l'humiliation, la peur, le désespoir, la honte, le dégoût au quotidien et face à la lâcheté et la peur des témoins des viols, les membres de cette communauté de cave dans laquelle ils se réfugiaient, à utiliser sa connaissance de la langue russe pour négocier ce qui de toute façon semblait inéluctable en prenant un protecteur gradé.
Silhouette diaphane, regard fiévreux et émotion distillée avec mesure, Isabelle Carré, comédienne lumineuse, réussit une prestation sans faute technique pour une partition presque distanciée qui, certes, montre la dichotomie qui s'opère entre l'intellect et la prosaïque réalité contingente ainsi que la capacité de résilience d'une femme forte mais sans parvenir à la transcendance théâtrale du drame individuel. |