Comédie dramatique de Ivane Doudi, mise en scène de Jean-Damien Barbin, avec Daphné Barbin et Alexandra Cahen.
Il faut être sûr de soi et des comédiens pour commencer un spectacle dans le noir complet et y laisser oeuvrer seules des voix pendant une scène entière.
Jean-Damien Barbin, comédien, enseignant au CNSAD et metteur en scène, l'était, à juste titre, pour ce faire, de surcroît avec un texte d'une auteure trop disparue à l'écriture très subtile et l'ancrer ainsi uniquement dans la projection de l'imaginaire. Et comme il l'écrit, accompagner deux comédiennes à bord du Shanghai express qui sert de véhicule fictionnel aux personnages de "La star des oublis" de Ivane Daoudi.
Deux voix s'élèvent, se cherchent, se croisent, se trouvent dans l'obscurité d'une salle de cinéma pour tisser un lien unique, signer un pacte d'amour et de sang, s'inventer une histoire, explorer les régions troubles du désir par delà le bien et le mal. La distribution des rôles, dans ce couple saphique qui est dans la douleur de l'être, déjà se dessine par la voix, deux voix magnifiques aux timbres hypnotiques et complémentaires, à la diction et aux inflexions parfaites.
Subjugué, le spectateur monte, lui aussi, dans ce train qui n'existe peut-être pas, ne mène en tout cas nulle part ailleurs que dans le fantasme d'un instant rêvé. Ivane Daoudi, entre fantasme, réalité et onirisme, dévoile les arcanes d'une cérémonie secrète à laquelle se livrent les deux femmes sans que jamais ne se dessine une posture voyeuriste.
Pas de décor à l'exception d'un podium noir transformable de Fabien Teigné, qui se déploie de manière inattendue et un beau travail de Hervé Coudert pour envelopper les personnages dans un écrin de lumières jusqu'au moment où se déroulera le générique de fin.
Sur la scène, deux jeunes comédiennes tout simplement magnifiques Alexandra Cahen, voix douce et corps offert, Daphné Barbin, voix profonde et traits acérés, sont les deux passagères de ce si beau voyage. |