Comédie dramatique de Loleh Bellon, mise en scène de Christophe Lidon, avec Marina Vlady, Catherine Rich, Annick Blancheteau, Bernard Alane et Grégory Gerreboo.
"Les Dames du jeudi" de Loleh Bellon sont de sémillantes sexagénaires qui se sont connues sur les bancs de l'école et qui, à l'âge adulte, ont pérennisé la tradition du goûter du jeudi.
Dans cette comédie réaliste et intimiste, l'auteur tricote avec une finesse de dentellière et une harmonie tchekhovienne - impossible de ne pas penser au demeurant aux "Trois soeurs" - les émotions retenues et la nostalgie du temps passé.
Ecrite en 1976, cette pièce met en scène des femmes de la génération de Simone de Beauvoir qui n'ont cependant jamais manifesté de velléité d'émancipation quelle qu'elle soit. Plutôt des filles de bonne famille, que la vie a relativement préservé, en trois déclinaisons différentes.
La distribution féminine ne réserve guère de surprise. Marina Vlady, origines russes obligent, campe avec justesse la jeune fille d'émigrés russes qui est devenue une femme séduisante qui a su vivre ses passions et qui se fait financièrement vampiriser par un fils dilettante (Grégory Gerreboo).
La pétulance de Annick Blancheteau la voue au rôle de la femme de principes, presque exemplaire, bonne pâte adepte de la sororité bien tempérée et Catherine Rich, qui troque ici son élégant phrasé mezzo voce pour une déplaisante voix de gorge digne d'un caporal-chef, est la vieille fille non par vocation mais parce qu'elle est restée la petite fille têtue amoureuse de son frère.
Enfin, Bernard Alane joue les utilités, à savoir le fantôme de la figure masculine, mari de l'une, frère de l'autre et amant éconduit de la troisième, et pousse un plateau central en tourniquet dispensable.
Les comédiens, tous aguerris, jouent avec justesse leur partition, sans forcer sur l'émotion, sous la baguette de Christophe Lidon qui signe une mise en scène totalement au diapason de l'écriture de l'auteur.
Le petit salon rococo avec samovar et méridienne est accueillant et on croirait presque humer le parfum des petits gâteaux faits maison par l'hôtesse qui se succèdent dans les petites assiettes comme défilent les souvenirs des moments de joie et de peine partagés par les dames d'un éternel jeudi. |