Troisième disque de Nathan Williams / Wavves (et non plus Wavvves) avec un line up réactualisé, la section rythmique de feu,
Jay Reatard remplaçant le batteur d'origine (Ryan Ulsh) à l'issue d'une tournée rendue chaotique par l'alcool, les drogues diverses et peut-être un léger syndrome Libertino-Gallagheresque.
Bref, du coup on perd un "V" et on gagne une basse. J'avoue que j'étais assez curieux du résultat, appréciant les compositions du jeune homme, mais ayant parfois du mal à supporter sur la distance le mur de son "hard lo-fi" des arrangements (c'est pas beau de vieillir...). Autant le dire tout de suite, je trouve cet album étonnant, dans le très bon sens du terme, et parfois franchement enthousiasmant.
Dès les premiers morceaux, on retrouve le sens aigu de la mélodie de Williams, portée par une voix haut perchée qui se détache aisément du mur de sons.
Première constatation : l'énergie des disques précédents est toujours là, la causticité des textes également. Le son, en revanche, est (un peu) moins brut, l'apport de la nouvelle rythmique est évident et positif (c'est quand même bien une basse). On sent également la présence d'un producteur qui, à mon sens, réussit à garder les spécificités de Wavves tout en domestiquant légèrement la qualité du son et en permettant d'enrichir les arrangements.
Pas grand chose de faible sur les premières chansons, assez conformes à ce qu'on peut aimer du groupe avec, toutefois, une présence importante de choeurs de voix de tête qui, soulignées par certaines suites d'accords, peut faire croire aux Beach Boys ou à Kim Deal en back up de Nirvana... l'ironie en plus.
"Take on the world" justement est un parfait exemple de réminiscence (heureuse) des Pixies.
Une préférence personnelle pour cette chanson, ainsi que pour "King of the Beach" et "Post acid".
Et là on change assez sensiblement d'ambiance. A partir de "Baseball Cards" (écoutez les subtils décalages rythmiques... on peut penser à The good, the bad and the queen en terme de traitement du son), on dompte la furie et on visite des chansons aux paysages plus complexes.
Le point culminant de la seconde partie de l'album est peut-être le très baroque "Convertible balloon", qui montre un côté du talent d'écriture de Williams dont je n'étais pas forcément conscient. L'excellent "Green eyes", plus énergique, diffuse une réelle mélancolie et alterne efficacement saturation et espace.
"Mickey Mouse" et "Linus Spacehead" sont deux morceaux qui, s'ils ne sont pas les plus abordables, sont truffés d'idées et le plaisir et l'interêt croissent à chaque écoute (dans certaines dissonances, il m'a semblé entendre le fantôme d'XTC).
Ultime chanson, le très Beck-ien et ironique "Baby say goodbye" (shalà là shalà là...) entamé sur un mode pop assumé, se résoud en un "ad lib" électro noisy et semble inviter à réécouter l'album.
Vivement le prochain. |