Le programme est chargé
: essayer de suivre le festival en goûtant à tout ce
que les organisateurs ont eu la bonne idée de proposer :
découvrir les groupes au forum, courir sur la place pour
voir les grosses pointures en faisant un saut au musée pour
se régaler d'expositions numériques. Le tout en une
petite soirée : pas facile et même franchement infaisable..
Mais ne grillons pas les étapes et commençons la journée.
Le
groupe désigné pour essuyer les pâtres cette
année était Lugo. 'Des locaux'
comme me dit mon voisin de concert, fier de ses 19 Art Rock pendant
lesquels il a tout découvert. Le concert commence et rapidement
une sensation de déjà-vu s'installe... Oui mais quand
? où ? à quoi cette pop acoustique et gentille ressemble-t-elle
? J'ai beau chercher, je ne retrouve pas : peut être une goutte
de M pour le chanteur essayant tant
bien que mal de faire chanter le public ? Non... Les chansons passent
et je n'arrive pas à rentrer dans leur univers. Les textes
naviguent entre l'amusant, le sérieux et le délire
sans jamais parvenir à s'accrocher quelque part.
A mesure que le concert avance je retrouve peu à peu la
mémoire : Lugo me fait penser à un groupe local comme
j'en avais connu un à Nancy il y a 10 bonnes années
(PS Goodbye pour ne pas les citer).
Celui qui est de toutes les fêtes de la musique, de toutes
les animations, de toutes les foires, dont on croise le chanteur
en allant à la fac, et dont on finit par fredonner les mélodies
à force de les entendre au détour d'une beuverie.
Mon voisin me confortera même dans mon idée en des
termes nettement plus chantants.
Oui définitivement, Lugo est le groupe local du festival,
et probablement le groupe local de Saint-Brieuc et ses environs.
Ce n'est pas forcément un défaut, mais il manque encore
un petit quelque chose à Lugo pour aller au delà de
cette étiquette.
Le
forum se remplit lentement tandis que Lugo cède sa place
à Frigo sur la scène.
Dès le premier morceau, le ton est donné : exit la
pop de leurs prédecesseurs, Frigo va faire plus de bruit.
Le public assiste alors à une élégante prestation
d'un post rock teinté d'une petite touche d'électronique
et surtout, plus rare, d'un chant quasiment omniprésent.
Cela peut déranger les fans purs et durs de rock instrumental
mais il faut bien avouer que cela permet à Frigo de se démarquer
de la plupart de leurs confrères. Mieux, un saxophone débarque
même sur la scène pour rajouter un timbre cuivré
et redonner du rythme à l'ensemble.
Malheureusement, je n'aurai pas la chance de voir le chanteur de
Chokebore se mélanger à
ce groupe : la grande scène m'appelle et c'est le lot de
tout bon festivalier que de devoir faire des choix.
J'arrive donc sous le chapiteau où ont lieu les gros concerts.
Bonne nouvelle, ca sent la frite, la merguez, la bière et
la bonne musique. Passons sur les tarifs assez prohibitifs de la
nourriture et retournons devant la scène.
Le
groupe Liars débarque et fait sensation
parmi le peu de spectateurs présents sur le site : le chanteur
est tout de blanc vêtu, cheveux longs dans les yeux, avec
pantalon déchiré pour laisser entrevoir un magnifique
slip tarzan tandis que le batteur, armé d'une belle moustache
de gendarme, est en nuisette transparente. Seul le guitariste est
resté sobre. Suivent 40 minutes de n'importe quoi.
Angus Andrew, le chanteur géant,
bouge, court, saute, remue sur la scène. Le spectacle est
stupéfiant mais la musique a du mal à suivre. Encore
une fois, seul Aaron Hemphill le guitariste
garde ses distances et réalise un set impeccable, donnant
le rythme à tout le groupe et envie au public de rester.
A croire qu'il faut parfois un élément sobre pour
rester sérieux...
Pas de regrets quand les Liars quittent la scène pour faire
place au trio italo-japonais le plus explosif du moment, Blonde
Redhead. Et ce sont les artistes eux-même qui débarquent
sur la scène pour installer les instruments et terminer une
mini balance. Le public se rapproche tout à coup de la scène
: Kazu Makino porte une elegante mini
robe blanche qui ne peut pas laisser de marbre les Briochins qui
se pressent pour investir les premiers rangs.
Quelques
minutes plus tard, ponctuels, la chanteuse japonaise ainsi que les
deux jumeux italiens débarquent sur la scène pour
démarrer le spectacle. Surprise, Kazu a tombé le gilet
pour montrer le dos nu de sa robe blanche. Y'a-t-il une pénurie
de tissu à Saint-Brieuc ?
Toujours est-il que le groupe réalise un set magnifique
: un mélange étonnant et détonnant de passages
instrumentaux et de mélodies surprenantes à deux voix
(Amedeo Pace et Kazu
Makino). Rien ne manque, on retrouve bien la même violence
que chez leurs fans Sonic Youth mais
aussi la douceur de la voix de Kazu et une grosse dose de glamour
qui tranche franchement avec le premier groupe de cette soirée.
Le public en redemande mais c'est trop tard : l'heure c'est l'heure.
Le public ne le sait encore pas mais le meilleur est à venir.
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