Comédie dramatique de Alfred de Musset, mise en scène de Julia Vidit, avec Matthieu Marie, Marc Susini,Charlotte Corman, Nathalie Kousnetzoff, Joël Helluy, Benjamins Guillard et Guillaume Clémencin.
A l'origine non écrite pour la scène, "Fantasio", pièce sous influence du romantisme allemand, s'inscrit dans le registre hynride d'une féerie shakespearienne qui serait menée par un mélancolique dépressif.
Le factotum de Alfred de Musset, jeune bourgeois débauché et désargenté atteint du fameux mal du siècle, l'impossibilité d'être l'homme qui passe et regarde couler la rivière, déçu du monde comme de lui-même, endosse la défroque du bouffon mort pour s'ériger en trublion qui va se gausser de la monarchie et devenir l'anti-héros défenseur de la princesse vouée, par la raison d'Etat, à un mariage politique avec un tyran aussi prétentieux que belliqueux.
Cette pièce, à la langue ciselée, a toujours été considérée comme une comédie tissée d'ironie et de dérision et été traitée sous une tonalité plus ou moins noire. Et puis est venue Julia Vidit pour révéler à un public médusé que Musset est un auteur de café-théâtre et "Fantasio" une grosse farce.
L'aérien Fantasio, devenu un grand gaillard bien terrien (Jean-Baptiste Verquin), suant et transpirant à l'envi, qui promène son anorexie existentielle - dans un royaume d'opéra-bouffe dirigé par un roi de carnaval (Marc Susini) menacé par un guignolesque méchant (Benjamin Guillard) - comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, donne le ton.
Le traitement est aussi lourd que l'intrigue est légère et tous les personnages interprétés par Matthieu Marie, Nathalie Kousnetzoff et Joël Helluy sont passés sous le même rouleau compresseur d'une iconographie puérile. Seule (parfois) rescapée la princesse
"fantasque comme une bergeronnette" (Charlotte Corman) qui, en l'espèce, ressemble à une ballerine échappée d'une bouteille musicale.
Cela étant, les comédiens jouent tous ce jeu avec une conviction et une démonstrativité exemplaires. |