Comme dirait l’autre : "Je hais les couples qui me rappellent que je suis seule", et surtout les gens qui se cherchent des problèmes de couple quand ils n’en ont pas, et je hais encore plus les gens qui créent des couples aimants pour leur inventer des dysfonctionnements imaginaires. Donc Madeleine Chapsal n’est pas du tout ma copine, parce qu’elle fait absolument tout ça dans A qui tu penses quand tu me fais l’amour ?.
Et je me fiche complètement qu’elle soit populaire, qu’elle ait publié plein de choses, qu’elle soit membre du jury Femina, dont elle s’est fait virer d’ailleurs. Bref, dans son nouveau roman, elle s’attaque à un couple "de la seconde chance" : Georges et Fanny, la quarantaine, remariés depuis trois ans. Et c’est à ce public là que s’adresse ce roman. Pas aux instables immatures de mon espèce.
Au début, on se croirait dans le bal des faux-cul, ils se sourient, ils se disent qu’ils s’aiment tout le temps, ils se rassurent, et ils ont tous les deux le dos bien large l’un pour l’autre, ils se lancent de ces poignards bien acérés. Un exemple : "mais oui mon chéri d’amour, tu conduis trop bien mon pilote d’amour, prend le volant" (à haute voix), et par derrière "il me fout les chocottes ce type à se prendre pour Sébastien Loeb, je vais encore avoir des palpitations".
Le roman parle donc des silences "plein de pensées séparées que s’autorisent avec bonheur les couples qui s’aiment", concernant Georges et Fanny qui se promènent tranquillement le long d’une berge romantique, et ils se canardent tellement qu’on ne peut que penser que le couple ne va pas tenir cent pages.
C’est Fanny, le cliché féminin, jalouse comme un pou, contre Georges, le cliché masculin du dragueur compulsif. Et la question de l’auteure : "qu’est ce qui est le plus douloureux en amour : le mensonge ou la vérité ?". Elle va même jusqu’à pousser le débat sur le mariage qui n’est qu’un vaste programme d’embrigadement de la passion, interdisant tout fantasme et privant de la liberté de l’individu. Carrément.
Au fait, le couple tient jusqu’à la fin du bouquin, après une ultime et unique scène de ménage en forme de cliché, madame fait un caca nerveux, contre monsieur qui se gausse de sa jalousie. Scène qui finit bien évidemment sur l’oreiller.
Et dans tout ça, la notion de confiance attendue n’est jamais abordée, ou alors, c’est moi qui suis à côté de la plaque. |