A exposition exceptionnelle, catalogue somptueux. Tel est le cas pour le catalogue de l'exposition "Monet" qui illuminera le Grand Palais tout l'automne-hiver 2010.
Cet ouvrage collectif de 384 pages, avec reliure suisse sous jaquette semi-transparente et étui cartonné, comporte 300 illustrations et deux dépliants spécialement consacrés aux grandes décorations et à la série des cathédrales de Rouen.
Structuré par les fils conducteurs retenus pour le parcours chrono-thématique de l'exposition, il délaisse le traditionnel bipartisme essais/reproductions des oeuvres exposées pour les mêler en s'organisant en 5 chapitres correspondant aux genres picturaux.
Dans l'avant-propos Guy Cogeval, président du Musée d'orsay et du Musée de l'Orangerie et co-commissaire de l'exposition, rappelle la finalité de la présente exposition qui, pour rétrospective qu'elle soit, ne tend pas à l'exhaustivité mais à la mise en évidence des évolutions et des contradictions internes de l'oeuvre d'un grand maître qui n'exclut pas un nouveau regard pour la sortir des limites étroites de l'impressionnisme.
John House, professeur d'histoire de l'art à l'institut Courtauld de Londres, brosse le panorama du sujet chez Monet depuis les motifs contemporains de ses débuts, revisités par ses sensations personnelles, perceptions immédiates et subjectives qui constituent le fondement de l'esthétique impressionniste, avec un focus sur la production de la décennie
1881-1891 qui consacre un "naturalisme d’émotivité".
Joseph Baillio historien d'art, se penche sur la facture libre et sans compromis des toiles de Sainte-Adresse et Laurence Madeline, conservateur au Musée d'Orsay, à la confrontation de l'oeuvre sérielle de Monet avec les oeuvres de Roy Lichtenstein présentées dans l'exposition.
Pour les paysages, les co-commissaires Anne Roquebert, conservateur au Musée d'orsay, Richard Thomson, professeur d'histoire de l'art à l'Université d'Edimbourg analysent l'iconographie du paysage chez Monet des paysages qui traduit
l'inéluctable évolution vers la simplification des formes et la fascination pour la fugacité des effets.
Sagissant de la production moins importante du peintre relative aux natures mortes et aux figures, Sylvie Patin et Sylvie Patry, toutes deux conservatrices au Musée d'Orsay et également co-commissaires de l'exposition, rappellent que ce dernier les traitait comme des paysages, vie silencieuse pour les premières, prolongement de la nature pour les secondes.
Sylvie Patin et Sylvie Patry signent également, et respectivement, l'introduction aux oeuvres sérielles et aux Grandes Décorations. Pour ces dernières, Laurence Bertrand-Dorléac, historienne d'art, établit un parallèle entre le déclin de l'Occident et le déclin de l'homme à l'hiver de sa vie qui l'amène à se concentrer que le passage du temps et l'émergence de la mémoire.
Le catalogue se clôt sur un portrait de l'homme brossé par Philippe Piguet, historien, critique d’art, commissaire d’exposition indépendant et réalisateur de films, qui a également signé un judicieux film intitulé "Claude Monet à Giverny", disponible en DVD, qui ouvre les portes intimes et familiales de la fameuse maison de Giverny à travers le regard de son épouse Alice tel que relaté dans sa correspondance privée. |