Comédie de Anton Tchekhov, mise en scène de Vladimir Pankov, avec Gennadï Ovsiannikov, Gennadï Garbouk, Nikolaï Kiritchenko, Arnold Pomazan, Zinaïda Zubkova, Natalia Kotchetkova, Tamara Nikolaevna-Opiok, Svetana Anikej, Andrej Gladkij, Igor Denisov, Alla Dolgaja, Andreï Drobych, Dmitrï Yessenevitch, Svetlana Zelenkovskaya, Mikhail Zouy, Eugenia Kulbatchnaya, Tamara Mironova, Alexandre Moltchanov, Olga Nefiodova, Igor Petrov, Nina Piskareva, Sergeï Rudenia, Irina Rymorova, Anna Khitrik, Viktoria Tchavlytko et Andreï Zavodiuk.
L'Année France-Russie est fertile en spectacles décoiffants importés de Russie et montés des metteurs en scène de génération différente.
Entre "Le mariage" de Gogol monté par le doyen Valery Fokine dans la néo-tradition du théâtre russe et l'immersion dans un bas Moyen Age syncrétique et visionnaire du flamboyant "Hamlet" de Nikolaï Kolyada, le cadet, Vladimir Pankov, présente "La noce" de Anton Tchekhov.
Dans cette pièce en un acte qui ressortit à la satire, Tchekhov adopte le registre de la farce grotesque pour dynamiter, à travers l'emblématique soirée des noces, l'institution du mariage arrangé empêtrée dans ses codes et ses hypocrisies, comme épiphénomène de la société russe. Une noce chez les petits bourgeois qui, comme celle écrite par Bertold Brecht trente ans plus tard, se termine dans la cacophonie et la débandade.
La mariée est une vieille fille qui a un physique de septuagnéaire mais une jolie dot, le fringant marié porte des pantalons pour aller à la pêche aux moules et s'inquiète de la présence du télégraphiste, rival évincé, la mamouchka, tripliquée comme d'autres personnages, court partout avec sa marmite et la sage-femme joue les Andrew Sisters, le reste à l'avenant en allant par une téléportation sidérante de la salle de bal à la plage.
Vladimir Pankov, qui pratique un théâtre focalisé sur la voix de l'acteur dans ses deux déclinaisons, la parole et le chant, propose un spectacle d'une force dramaturgique intense qui navigue entre l'hyperéalisme et la distanciation, avec des ruptures de rythmes, des arrêts sur images et des emballements cinétiques, le tout confinant à l'absurde.
Projetant cette tragi-comédie dans la Russie stalinienne des années 50 et assumant l'influence du Sots Art, l'acteur incarnant l'incontournable général garant de la cérémonie ayant une ressemblance avec le petit père des peuples, il a réuni des comédiens remarquables qui savent tout faire et notamment trouver leur place et porter haut leur personnage dans un spectacle choral millimétré qui tourne comme une horloge.
Hauts les coeurs,vous reprendrez bien un petit verre de vodka avant que le rideau ne tombe... |