Comédie d'Eugène Labiche, mise en scène de Emilie Sandre, avec Isabelle Amiel, Fabrice Cyrille, Martine Carrere, Olivier Pasquier, Sophie Gosse, Romain Jouffroy, Christian Macairet et Stéphane Rouch.
Pour illustrer, sur un canevas vaudevillesque traditionnel, un axiome de justice rétributive, Eugène Labiche écrit une comédie jubilatoire et complètement loufoque dont le parti pris de mise en scène de Emilie Sandre révèle la loufoquerie totalement déjantée et inattendue.
Dans "Si jamais je te pince", le bien nommé Faribol aime sa femme mais est un infidèle atavique. Musicien "très fort sur le violon", il cache bien ses fredaines mais est démasqué par sa somniloquie qui amène son épouse, une Corse au tempérament volcanique, à revendiquer l'égalité de traitement.
Dès lors, il n'a de cesse de contrecarrer le projet de sa femme de lui faire porter des cornes alors que celle-ci, saisie par la débauche, se démène comme un beau diable pour consommer sa vengeance.
S'ensuit une folle course-poursuite, annonçant celles de Feydeau, qui se déroule dans une quatrième dimension, un triangle des Bermudes délimité par le domicile des Faribol, le salon des Papavert qui organisent une soirée où doit jouer Faribol et le 7 de la rue Papillon, adresse du flagrant délit.
Les deux époux entraînent dans leur sillage un serveur qui porte des gants noirs parce que c'est moins salissant (Fabrice Cyrille), une bonne ionescienne sous acide (Sophie Gosse), un couple de bourgeois pincés qui donnent un bal pour caser une nièce bossue (Martine Carrère et Olivier Pasquier), un homme du monde amateur de jupons particulièrement collant (Christian Macairet), un trio de clercs de notaire et un flûtiste affligé d'une rage de dents qui lui cause une gastrite qui lui interdit de jouer le la majeur (Romain Jouffroy).
La sarabande, qui vire au maesltom burlesque agrémenté de péripéties invraisemblables, est menée par Stéphane Rouch, vibrionnant, et Isabelle Amiel, à l'abattage irrésistible en rousse capiteuse, tous deux sensationnels.
Emilie Sandre a opté pour un traitement atypique et singulier, tout à fait surprenant et déconcertant, qui lorgne vers l'absurde et l'inquiétant n'était la verve comique de l'auteur. Dans une mise en scène au rythme étourdissant, les comédiens, tous excellents, délivrent une prestation jubilatoire, parfois au second degré, qui revisite de manière positive et judicieuse cet opus du répertoire classique. |