On parle souvent de star sur le retour. C'est la mode d'ailleurs et plus que jamais. On ressort du Ray Davies ou du Polnareff, des reformations de groupes dont les trois quarts des membres sont morts, d'autres bien vivants mais qui ne jouent ensemble que pour de vilaines raisons pécuniaires.
En ce qui concerne le vénérable Edwyn Collins, c'est d'un tout autre retour qu'il s'agit avec ce nouvel album Losing Sleep. On pourrait presque parler d'un retour d'entre les morts tant ses deux attaques cérébrales consécutives, suivies d'une opération auraient pu le laisser plus d'une fois sur le carreau. Tout cela était en 2005, et si un album est sorti en 2007, c'est parce qu'il était déjà prêt avant ces fâcheux accidents, le laissant en parti paralysé d'un côté et sans voix.
Mais le temps a passé, Edwyn, à force de patience, de soins et d'une lutte pour se sortir de tout cela va mieux et voici donc, après quelques apparitions sur scène, un nouvel album qui vient ponctuer le retour d'un des plus grands musiciens anglais de ces 30 voire 35 dernières années. Car mine de rien, de Orange Juice et l'album Ostrich Churchyard, jusqu'au tube interplanétaire "A girl like you", sans parler de ses diverses productions, Collins aura marqué quoi qu'il arrive la pop moderne.
Autrement dit, le meilleur de sa carrière est peut-être essentiellement derrière lui et Losing sleep n'est pas le chef d'oeuvre qui couronnera sa carrière. Pourtant et pas seulement par compassion pour tout ce qu'il a subi, ce disque est plutôt honnête et le talent de Collins demeure pour ces chansons à la fois simples à retenir et sophistiquées dans leur composition, ces sortes de canevas pop qui semblent universels mais dont peu de compositeurs détiennent le secret.
Alors bien sûr, point de mega tube, ça n'arrive qu'une fois dans une vie et en plus ça apporte des emmerdes (voir les déboires de Collins avec son ancienne maison de disque pour avoir simplement le droit de mettre "A girl like you" à l'écoute sur son propre Myspace) mais quelques morceaux assez agréables sur lesquels la voix grave d'Edwyn Collins fait encore des merveilles, même si on la sent un rien trainarde et moins mélodique qu'auparavant. Effet atténué par l'emploi de choeurs pour ajouter un peu d'ampleur à certains passages.
Au final, cet album n'est donc pas rempli de tubes qui feront chavirer le grand public mais est en revanche rempli de tout ce que l'on aime chez Collins. "Humble" est un clin d'oeil musical à son hit "A girl like you", "What is my role ?" et son rock retenu fait aussi mouche malgré un traitement de la voix étonnant, voix en revanche presque impeccable sur "Come tomorrow, come today" presque tubesque, tout comme "I still believe in you" en duo avec The Cribs car oui, ce disque compte quelques collaborations, de Johnny Marr à Alex Kapranos, excusez du peu et ce n'est pas vraiment pour nous déplaire.
Un bel album, sans prétention mais aussi sans concession. A écouter certes avec un peu de nostalgie mais aussi beaucoup de plaisir à retrouver ce vieux crooner écossais en aussi bonne forme, un plaisir à ne pas bouder et une occasion trop belle de faire écouter Orange Juice à ses amis. |