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puce Elysée Noire 666 (Mona Cabriole, 8ème arrondissement)
Alex D. Jestaire  (La Tengo Editions)  octobre 2010

Pour sa septième aventure, sise dans le 8ème arrondissement, Mona Cabriole passe en version deux point zéro sous la plume cyber-gothic-punk d'Alex D. Jestaire. Ce serait l'histoire d'une fille larguée, un peu à tous les sens du termes, qui passe la dernière journée avant la fin du monde à tourner autour des Champs Elysées, épuisée et sans vraiment de but, spectatrice impuissante de la folie, parfois meurtrière, toujours grotesque, qui envahit les rues de la capitale.

Un arrière-goût de millénarisme, douze ans plus tard. 21 décembre 2012. Fin du monde annoncée. Mona y prend la peau d'une grande gueule provocatrice et inadaptée. Politiquement incorrecte. Pas si loin de la Lisbeth Salander de Stieg Larson (Millenium). Elle boit du café pour tromper sa fatigue. Ne lâche pas son i-phone. Trip Hop, électro, indus, metal. Björk, Massive Attack, Nine Inch Nails, Front 242, Porcupine Tree, Marilyn Manson... Ce qui n'empêche pas parfois le passage presque subliminal d'une ritournelle plus légère, servie par Joe Dassin ou Céline Dion, non sans un certain humour allié à un sens remarquable du contraste.

On avait trouvé à La nuit ne viendra jamais (l'aventure précédente de la journaliste, née de la plume de Joseph d'Anvers) une certaine noirceur. Mais il s'agissait d'une noirceur douce et profonde, romantique. Ici tout est noir d'un noir gris foncé, comme une chape de plomb dont le monde ne parviendrait à s'extirper. Mauvais rêve, gueule de bois, perception altérée par les cachets. Overdose de baise résignée au désir mort-vivant, focalisée sur la seule domination comme jouissance, jouissance comme domination. Désespoir de rigueur – au sens propre, sans même l'espoir d'un espoir possible. Ne reste qu'une déception résignée, cynique, mordante en retour. Un monde dans lequel on aurait abandonné la tristesse elle-même pour ne garder que la colère, l'agressivité.

Le roman se lit comme on sombre dans ses humeurs les plus massacrantes. Comme une version techno-grunge d'un After hours (Martin Scorcese, 1985) vidé de toute légèreté, de tout kitsch même. Confronté à l'insoutenable pesanteur des choses, Mona tourne, en rond, de l'Etoile au Rond Point des Champs, ne cesse de revenir sur ses pas. Et donne l'irritante impression de ne rien contrôler de ses propres trajectoires. L'impossibilité même de la décision. Tandis que pas très loin, et bientôt juste sur ses pas, le meurtrier se prépare à frapper.

Résolument moderne, le polar tire parti des éléments des différentes sous-cultures modernes pour construire son ambiance et son intrigue : la culture télé et l'imaginaire de ses séries, l'univers des musiques metal, l'obsession de la jeunesse pour le sexe et les psychotropes, le refus de toute autorité, de tout cadre, de toute valeur, internet sous toutes ses faces et avec toute la folie que l'information en temps réel peut induire.

Ainsi propulsée en un pays désenchanté de l'autre côté d'un miroir que n'aurait pas renié Maurice G. Dantec, Mona Cabriole, envapée et toujours en retard d'un temps sur sa propre vie, lutte un jour durant pour sortir la tête de l'eau croupie d'un fleuve qui pourrait bien être le Styx plutôt que la Seine. Elle nous offre surtout l'occasion d'une réflexion terrifiante sur notre post-modernité et la déréalisation de l'humain à laquelle nous ne cessons de consentir, jour après jour – jusqu'à, peut-être, une fin du monde, où il faudrait bien voir que derrière le sérieux de nos vies, le roi est nu, et fou, et furieux ?

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :
La chronique de "Six pieds sous les vivants" d'Antoine Chainas
La chronique de "La nuit ne viendra jamais" de Joseph d’Anvers
La chronique de "Elvis sur Seine" de Stéphane Michaka
La chronique de "Onzième parano" de Marie Vindy
La chronique de "La Bourse ou la Vie" de Laurence Biberfled
La chronique de "Les Fleurs du Marais" de Thomas Hédouin
La chronique de "Requiem pour Mona" de Catherine Diran

En savoir plus :
Le site officiel de La Tengo Editions
Le Myspace de Mona Cabriole


Cédric Chort         
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# 24 mars 2024 : Enfin le printemps !

Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Dans ta direction" de Camille Benatre
"Elevator angels" de CocoRosie
"Belluaires" de Ecr.Linf
"Queenside Castle" de Iamverydumb
"Five to the floor" de Jean Marc Millière / Sonic Winter
"Invincible shield" de Judas Priest
"All is dust" de Karkara
"Jeu" de Louise Jallu
"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
quelques clips avec Bad Juice, Watertank, Intrusive Thoughts, The Darts, Mélys

et toujours :
"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché

Au théâtre

les nouveautés :

"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

et toujours :
"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14

Du cinéma avec :

"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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