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puce Lettres à Génica
Théâtre de l'Atelier  (Paris)  octobre 2010

Lecture de la correspondance d'Antonin Artaud par Carole Bouquet.

Difficile d'imaginer Antonin Artaud en amoureux transi, voire simplement en amant. Il reste avant tout le poète maudit, interné à Rodez, qui subissait d'interminables scéances d'électrochocs, l'auteur d'un recueil torturé et essentiellement consacré à la douleur, "L'ombilic des limbes", ou encore l'auteur d'un essai révolutionnaire sur le théâtre paru dans la blanche de la NRF, "Le théâtre et son double". Artaud reste dans l'imaginaire un esprit essentiellement tourné vers l'intérieur de lui-même.

Carole Bouquet, quant à elle, depuis ses débuts au cinéma dans "Cet obscur objet du désir" de Luis Buñuel et malgré ses rôles dans des comédies ou son engagement citoyen, n'a jamais réussi à se débarrasser de l'image d'une femme à la beauté froide, un coeur de glace sous une carapace splendide .

C'est Carole Bouquet elle-même qui a choisi les lettres extraites de l'échange épistolaire entre Artaud et Genica Athanasiou, actrice qu'il a rencontré au Théâtre de l'Atelier dirigé alors par Charles Dullin. Lorsqu'il la rencontre, elle a vingt-cinq ans. Artaud tombe immédiatement sous le charme de cette jeune femme venue de Roumanie pour se consacrer au théâtre. Chaque jour où ils ne partagent pas leur quotidien, de 1922 à 1927, ils échangent des lettres d'amour, d'un amour nourri par la folie d'Artaud. Au théâtre, Artaud la dirigera trois fois, dans des pièces d'Aragon, Claudel et Vitrac.

Carole Bouquet suit le fil chronologique de la correspondance. Mais en fait, les lettres lues ne sont que celles adressées par le poète à sa "belle roumaine". On devine les réponses de Génica, les reproches face à la maladie d'Artaud ou ses inquiétudes devant les effets de l'opium qu'Artaud prend pour se soulager.

Dès le début de cette correspondance, Artaud se révèle en quête d'absolu. Il s'agit d'abord de la recherche d'un absolu dans l'amour, il se déprécie face à sa "Chérie", son "âme". Mais au fil du temps, il s'emportera face aux remontrances de Génica. Ses lettres deviennent alors un mélange de reproches et d'analyse de son état. Il parle de la douleur, et envisage le suicide. Cette correspondance à sens unique ressemble alors de plus en plus à des appels à l'aide envoyés dans le vide.

La mise en scène est minimale. Carole Bouquet, habillée d'une sobre robe noire, tient un grand cahier à la main. Elle s'assoit devant le rideau en métal de la scène, parfois se lève, sort de scène. on entend alors quelques notes de musique. Seul un faisceau de lumière habille la scène de ses tons chauds.

Avec ce choix d'une sobriété complète, il naît comme un non-sens par rapport aux théories d'Artaud sur le "théâtre de la cruauté", théâtre dans lequel l'ensemble des sens est mis à contribution et dans lequel il refuse le langage articulé comme un médium de communication logique.

D'autant que ce spectacle se joue dans les lieux même où Artaud et Génica se sont rencontrés, et où il l'a dirigée sur scène. D'autant que le texte est ardu et que le spectateur doit faire preuve d'un grande concentration pour suivre la pensée d'Artaud. Peut-être ne doit-on donc pas voir ce spectacle comme une pièce de thèâtre, mais le tenir pour une lecture.

Cependant le plaisir évident de Carole Bouquet à jouer, sa voix singulière, la beauté vénéneuse du texte, la lumière que les lettres apportent sur le milieu culturel de l'époque font de cette lecture une intéressante rencontre avec l'univers d'un Artaud intime.

 

Laurent Coudol         
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Du côté de la musique:

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"Jeu" de Louise Jallu
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