Voilà un mois déjà que s'est déroulée la première Master Classe de la saison 2010-2011 et le public se presse à la Pépinière Théâtre avec autant d'enthousiasme que d'addiction.
Le goût est vite pris de venir découvrir les jeunes comédiens de demain et redécouvrir le plaisir d'entendre les scènes du répertoire interprétées dans le souci de la fidélité à l'auteur avec une technique redoutable dispensée par Jean-Laurent Cochet et ses assistants.
Une technique qui s'acquière à partir de l'exercice à la base de son enseignement qu'est la fable. Et traditionnellement ces cours publics d'interprétation dramatique commencent par quelques fables de La Fontaine qui permettent de présenter les nouveaux élèves.
Mais un principe ne vaut que s'il accepte des exceptions et c'est partiellement le cas ce soir avec, certes des fables, mais présentées sous forme de medley par Mickael Tabury qui réussit un bel exercice de vélocité verbale. En effet, il instille dans une histoire à sa façon - la promenade hygiénique de son chien - pas moins de quatre fables, "La cigale et la fourmi", "La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf", "Le lion et le moucheron", "Le loup et l'agneau" avec un bis avec "l'assent" de Marseille sur un rythme d'enfer ainsi que les couplets de "L'hymne à l'amour".
Du haut de ses 15 ans, Maximilien Solves, l'un des plus jeunes élèves, a choisi de présenter un court récit extrait du recueil "Notes intimes" de la poétesse Marie Noël qui raconte un délicieux dialogue entre Dieu et le chien, au moment de la Genèse, qui imagine, à sa façon, la création de l'homme.
Place au théâtre ensuite avec le répertoire classique et deux jeunes filles particulièrement remarquées : Maya de la Selle dans le monologue de Camille qui précède la scène des imprécations dans "Horace" de Corneille - une mauvaise pièce avec des scènes sublimes dixit Jean-Laurent Cochet - et Aude de Commarque dans la tirade de Lucrèce de "Lucrèce Borgia" de Victor Hugo.
Victor Hugo encore avec une scène de "Ruy Blas" interprétée par deux nouvelles recrues prometteuses, Yohann Kleindienst et Emmanuel Hérault.
A la mitan de la soirée, le "divertimento" est assuré par Lise Roy, une des doyennes du cours, qui reçoit un bel accueil du public avec les aphorismes de Françoise Dorin sur la meilleur manière de ne pas dévoiler son âge.
Humour et exercice de style également avec un texte sur les vendanges truffé de jeu de mots avec les noms des crûs, dus à la plume et à l'inteprétationde Olivier de Pizzol, et exercice de virtuosité vocale avec le poème "Le mot" de Victor Hugo dit par Constant Moreau qui a de qui tenir puisque son père est le comédien et metteur en scène Jean-Luc Moreau.
La seconde partie de la Master Classe permet un voyage dans le temps avec successivement une scène de "Le bourgeois gentilhomme" de Molière qui permet au Maître de faire travailler un nouveau venu, Guillaume Beyeler et une scène de "La parisienne" de Henry Becque avec Laurence Fischer et Benoit Chauvin, tous deux à contre-emploi et néanmoins excellents.
Pour clore la soirée, Bérénice Bala et Nicolas Debreuil, élèves déjà aguerris, présentent une scène de "Maya" écrite par Simon Gantillon, l'histoire d'une jeune prostituée qui fait tourner la tête des marins, qui fût la pièce jouée, avec un énorme succès, pour l'inauguration du Studio des Champs Elysées en 1924.
Maintenant patience jusqu'au 15 novembre et en attendant... bons spectacles ! |