Comédie dramatique écrite et mise en scène par Matthew Lenton, avec Elspeth Brodie, Sara Lazzaro, Andrew Melville, Aurora Peres, Davide Pini Carenzi, Barnaby Power, Ann Scott Jones et Damir Todorovic.
Depuis sa prise de fonctions à la direction du Théâtre de la Ville, les choix de Emmanuel Demarcy-Mota en matière de spectacles étrangers invités ne manquent ni de curiosité ni de pertinence.
Tel est le cas avec la programmation pour la première fois en France, avec "Interiors" qu'il a écrit et mis en scène, du travail de l'écossais Matthew Lenton fondateur du Vanishing Point Theatre Company.
Bien que soutenu par un intense travail collectif, le spectacle ne résulte pas d'une improvisation ou d'une écriture de plateau mais d'un opus théâtral parfaitement construit, de surcroît de facture classique respectant la règle des trois unités, en l'occurrence à partir d'une projection fictionnelle de la pièce "Intérieur"du dramaturge belge Maurice Maeterlinck.
Car Matthew Lenton milite pour un théâtre qui se nourrit certes du collectif - mais qui ne résulte pas d'un processus démocratique - dans lequel le metteur en scène est seul maître à bord. Et, pour ce spectacle, réalisé avec le Napoli Teatro Festival Italia, qui bénéficie d'une distribution anglo-italienne de grand talent -
Elspeth Brodie, Sara Lazzaro, Andrew Melville, Aurora Peres, Davide Pini Carenzi, Barnaby Power, Ann Scott Jones et Damir Todorovic dont les prénoms sont également ceux des personnages - il s'avère un auteur à l'univers très personnel, qui frôle le réalisme magique, et un directeur d'acteur redoutable.
"Interiors" relate un dîner entre amis dont une étrange voix off féminine précisera qu'il s'agit du dîner de la nuit de la plus longue, dîner traditionnellement cuisiné par Andrew, un vieux monsieur qui reçoit avec sa petite fille. Sept personnes à table pour huit chaises. Sept personnes pour la dernière fois réunies.
Un dîner que le public va suivre de manière très singulière puisqu'il ne pourra entendre les paroles échangées. En effet, il se trouve dans la position du voyeur qui regarde ce qui se passe derrière une fenêtre ou, de manière moins prosaïque, celle de l'entomologiste face à son terrarium.
Il ne se passe rien d'autre qu'un dîner entre des personnes ordinaires qui sont à la fois dans le présent de l'action et dans l'ailleurs de l'esprit dont la restitution incombe aux comédiens non seulement pour que le personnage prenne corps - et en l'espèce le travail d'incarnation est particulièrement réussi - mais également pour que le spectateur puisse outre comprendre les sentiments et les émotions qui les animent ou les submergent y retrouver l'humain et le vivant dans toute son universalité et dans son éphéméréité.
Un travail éblouissant car il ne s'agit pas de pantomime ou de surjeu mais d'une maitrise parfaite du non verbal. Bien évidemment à ne pas rater s'il passe près de chez vous. |