Jonglerie musicale interprétée par Eric Bellocq et Vincent de Lavenère.
Après "Le chant des balles", le luthiste Eric Bellocq et le jongleur Vincent de Lavenère ont conçu un deuxième opus pour "voir ce qui s'entend et entendre ce qui se voit" dans un dialogue osmotique particulièrement inattendu entre la musique classique, art majeur se suffisant à lui-même, et un art circassien souvent considéré, et présenté, comme un jeu d'adresse pure sur lequel est plaqué un habillage sonore de fanfare de cirque.
Car "Bach en balles" emporte le spectateur bien loin de la Piste aux étoiles. Voyage poétique et musical, il l'entraîne dans une éblouissante féérie cosmique.
Dans un univers musical composé de suites pour luth de Bach, réputées injouables, au coeur duquel ont été instillées de courtes partition aussi différentes qu'un branle du Poitou, un chant traditionnel allemand et une variation sur une musique traditionnelle japonaise, les deux compères dispensent cette "jonglerie musicale" avec autant de talent, de virtuosité et de poésie que de joie ludique et malicieuse.
Dans une scénographie épurée de Bruno de Lavenère, deux postes assis pour le musicien et une banquette qui évoque un fragment de théâtre antique, et des lumières millimétrées de Eric Fassa, leur prestation s'apparente autant à un ballet singulier, un étrange pas de deux entre le luthiste gracile qui semble se déplacer en lévitation et la tranquille force terrienne du jongleur qui n'est pas antinomique avec une gestuelle fluide et chorégraphique aussi élégante que symbolique, qu'à une histoire à jamais recommencée de l'altérité.
Ce dernier, qui joue également de la citole et chante, tisse avec ses instruments, des ballons translucides comme des bulles de savon, des grelots, des balles sonores et des boules lumineuses, un monde aérien en suspension et en résonance avec les notes de musique dont le son s'élève pour un hyménée séraphique.
Sur terre, les deux officiants, un pierrot lunaire et un lutin malicieux s'observent, se jaugent, se cherchent et font assaut d'espièglerie.
Eric Bellocq et Vincent de Lavenère, tous deux experts dans leur art, dispensent un spectacle qui réjouit le coeur et enchante l'âme. |