En voilà deux qui ont de la suite dans les idées : Marius Drogsås Hagen et Tord Øverland Knudsen sont deux amis originaires de la ville norvégienne d'Elverum (3° sous zéro à l'heure à laquelle je vous écris). En 1997, ils ont fondé ensemble le duo Sin. Mais les hasards de la vie et les agendas musicaux des deux compères (Tord joue de la basse pour les Wombats, Marius pour Jacqueline, formation moins renommée) les ont amenés à repousser jusqu'en juin 2010 la sortie de leur premier album, sobrement éponyme.
Ne tournons pas autour du pot : si on peut admirer l'effort de détermination qui a pu conduire deux amis à faire aboutir ce projet juvénile treize ans après des débuts que l'on imagine enthousiastes, il n'y a en revanche pas de quoi se pâmer d'admiration pour un disque qui ne manque certes pas de bonne humeur mais peut-être tout de même un peu d'inspiration.
Electro-pop foutraque, quelque peu éparpillée, la musique de Sin donne l'impression malheureuse de ne pas savoir exploiter ses propres bonnes idées. À vouloir trop en faire, on s'épuise inutilement. Les morceaux partent un peu dans tous les sens, mais avec un empressement et un manque de profondeur qui interdisent de s'en réjouir. À la croisée des plus mauvais côtés de Cocorosie et David Guetta ; Jean-Michel Jarre et Deerhoof ; Air et Air.
Alors : détermination ou entêtement ? Il manque peut-être à l'album le souffle d'une inspiration véritable. Et le processus créatif initial mis en œuvre, par bidouillage d'instruments divers dont les deux compères ne savaient pas nécessairement jouer, explique certainement l'étroitesse de l'horizon d'invention dans lequel les compositions évoluent. Et tout cela de se voir encore corseter dans de bien pauvrement pop gangues. À tel point que le disque finit par se rendre irritant, ses langueurs s'étant faites geignardes, ses arrangements gadgets... Déjà entendu, et en mieux, tout simplement. |