Pablo Diaz-Reixa aurait-il décidé de rentrer dans le rang ? C’est en tout cas ce que laisse clairement présager son nouvel opus Pop Negro, paru en septembre dernier.
Petit retour en arrière. Fin 2007-début 2008, une sorte d’apparition en provenance des Iles Canaries via une halte à Barcelone faisait son arrivée dans les bacs. Laquelle sonnait immédiatement comme le pendant plus hédoniste et davantage évident du "Person Pitch" de Panda Bear paru quelques mois plus tôt. Mettant en avant les facilités innées de son auteur à balancer des rythmiques irrésistibles. Afro beat, tropicalisme (Caetano Veloso en tête), beats électros, rock psychédélique, musique traditionnelle espagnole… le tout passé à la moulinette sonore Animal Collective époque Feels ou Strawberry Jam (collage sonores et incantations vocales répétitives).
Alegranza fut le disque de plusieurs saisons, de plusieurs étés successifs. Sorte de bande-son infernale des week-ends ou fins de soirée. Où les "Kalise", "Palmitos Park" et autres "Antillas" révélaient sans limites leur abstraite beauté autant que leurs pouvoirs d’addiction et de libération physique. Dans cette optique, que penser maintenant du nouveau Pop Negro ? Que les expérimentations ont vécu.
El Guincho lorgne maintenant vers une pop, gentiment borderline, doucement mâtinée de funk. Le chant se fait plus policé, plus linéaire également. Les folles percussions de Aleganza ont laissé place à des rythmiques moins débridées, plus conventionnelles. Jamais désagréable mais jamais véritablement convaincant non plus. A l’instar de sa prestation au Point Ephémère en septembre, heureusement sauvée par les hymnes de son premier album. Comme si cela ne suffisait pas, le clip de "Bombay", le premier extrait, rate complètement sa cible, sorte de parodie racoleuse à décrédibiliser durablement son auteur. El Guincho vient simplement de manquer l’occasion de confirmer les espoirs que beaucoup ont en lui. Gardons néanmoins espoir et essayons plutôt de voir ce Pop Negro comme un disque de transition. En attendant une suite plus convaincante. |