Marc Petit, poète, romancier, essayiste et traducteur, et collectionneur d'art primitif, qui a découvert presque par hasard un masque primitif du Népal, a constitué une collection unique et rare de ces masques anthropomorphes datant pour la plupart des 19ème et 20ème siècles.
Il a fait don de 25 pièces de sa collection au Musée du Quai Branly qui font l'objet d'une exposition monographique intitulée "Dans le blanc des yeux - Masques primitifs népalais", dont il assure le commissariat avec l'ethnologue Stéphane Breton, qui constitue une toute première exceptionnelle.
Fascinant face-à-face avec des "gueules"
Pour très pointue qu'elle soit, cette exposition parle au visiteur par sa thématique universelle et intemporelle qu'est le masque qui existe dans toutes les civilisations et dont la symbolique ne cesse de fasciner.
Présentés sans aucune mise en scène dans des vitrines conçues par Jean-Paul Boulanger permettant d'en voir le verso, ces masques en bois patiné par le temps et les manipulations interpellent d'autant plus le regard que leur mystère reste entier.
En effet, l'ouverture du Népal aux étrangers ne date que du milieu du 20ème siècle et Marc Petit a été le précurseur en ce domaine. C'est dire que tout reste encore à découvrir pour percer le secret de ces représentations humaines que ce dernier qualifie de "gueules" car, écrit-il, elles n'ont "ni
l’amabilité plastique et parfois réconfortante de l’art primitif ni le conformisme éclairé des formes.
Abstraits et cubistes, taillés de manière très frustre dans une simple planche ou naturalistes en utilisant une forme naturelle du bois parfois décorés de poils de chèvre, ces visages aux yeux vides qui sourient, qui montrent les dents ou qui crient interpellent désormais pour l'éternité par leur expressivité.
Tant leur fonction que leur iconographie sont encore à révéler même si les premières approches, à partir d'informations encore fragmentaires soumises à une démarche
empiro-critique,
les rattachent à une manifestation culturelle de ces sociétés primitives de l'Himalaya, mais bien évidemment pas au sens de l'art pour l'art.
Trois catégories se dégagent
à partir d'une première analyse - le masque d'ancêtre intervenant dans des rituels funéraires, le masque de pantomime pour maintenir le lien social autour des mythes et le masque de chamane - ce qui s'inscrit donc toujours ces "heaumes" dans une fonction de médium et d'intercession entre l'homme et le divin. |