Nicolas Comment est avant tout photographe. Les images qu'il expose sur son site donnent la part belle aux nuances de gris et de noirs, aux teintes passées comme sous une fine pellicule de poussière, aux clairs-obscurs, mais toujours un point lumineux attire le regard à l'écart du sujet principal généralement figé dans l'ombre.
En 2008, il sortait un premier disque-livre, Est-ce l'est ?, vendu uniquement en librairie, réalisé avec la complicité de Rodolphe Burger et de Jean-Louis Piérot (Les Valentins).
Aujourd'hui, c'est Marc Collin (Nouvelle
Vague) qu'on retrouve aux manettes. Nicolas Comment sait s'entourer de musiciens de talent, mais c'est pourtant l'influence de Bashung qu'on relève. Ce n'est sûrement pas un hasard puisque Rodolphe Burger et Jean-Louis Piérot avaient travaillé le grand Alain, respectivement sur le Cantique des cantiques et La ballade de Calamity Jane pour le premier et sur Fantaisie Militaire pour le second.
Mais au fil de l'album, d'autres influences hautement recommandables se dévoilent discrètement. Sur la première piste, "Je te voeux", l'empreinte de Kat Onoma est prégnante par les ambiances, en particulier dans l'association basse / voix.
Tandis que l'album se déroule, un paysage se dessine, comme au travers de la vitre d'un train à l'aube d'un matin brumeux. Des pylônes électriques, ou le coup du platane, sur "Suicide Girl", une autoroute sur "Campagne dernière", des champs à perte de vue sur "Nous étions Dieu". La nouvelle vague qui inspire Nicolas Comment est plus à chercher du côté des salles obscures des sixties que chez le groupe de son producteur Marc Collin. L'ombre de Jean-Luc Godard plane sur ce disque.
C'est pourtant avec un autre helvète underground que la filiation semble la plus évidente : Jean Bart. Les arrangements voix masculine/voix féminine, les mélodies minimalistes, les thématiques s'avèrent voisines chez ces deux artistes. Nicolas Comment, comme le chanteur suisse qui s'est depuis dix ans tourné vers la mise en scène, a une approche visuelle, cinématographique et volontiers fétichiste à la Eyes Wide Shut, de ses sujets. Plus dialoguées qu'introspectives, ses chansons s'écoutent comme autant d'instantanés de vie.
Un disque qui cache autant de cicatrices sous des dentelles et des soies précieuses ne peut que se révéler recommandable. |