Comédie dramatique de Petr Zelenka, mise en scène du Collectif DRAO, avec Stéphane Facco,
Thomas Matalou,
Benoît Mochot,
Gilles Nicolas,
Sandy Ouvrier,
Maïa Sandoz et
Fatima Souahlia-Manet.
Le Collectif DRAO*, qui a constitué son nom à partir des initiales du texte de Jean-Luc Lagarce qui fut leur première création, propose un travail tout à fait abouti et roboratif avec les "Petites histoires de la folie ordinaire" de l'auteur tchéque Petr Zelenka.
Ce conte burlesque, sous perfusion de tragi-comédie ionescienne et placé sous assistance respiratoire de gaz hallucinogène, traque les désarrois de Pierre Adek dit l'éponge, l'excellent Stéphane Facco en Woody Allen des Carpates, qui, face à son entourage composé de névrosés en rupture plus ou moins volontaire avec un réel oppressant qui le phagocyte, entreprend, presque à son corps défendant, un salvateur parcours initiatique.
Dans la Tchécoslovaquie post-communiste qui laisse ses citoyens désorientés par la perte brutale des valeurs et des repères qui ont circonscrit leur univers concentrationnaire, son microcosme est totalement borderline : une mère qui pense la famille comme le lieu du bon conseil (Fatima Souahlia-Manet grandiose), son père alzheimérisé qui a été la voix du discours officiel diffusé par voie d'actualités (Gilles Nicolas désopilant), son ami farouche onaniste par peur des femmes (Thomas Matalou zombiesque), un employeur pédophile, des voisins exhibitionnistes (Benoît Mochot et Sandy Ouvrier troublants) et une petite amie nymphomane (Maïa Sandoz parfaite).
Le septuor, composé de comédiens aguerris, se met en scène lui-même avec fluidité et efficacité dans un espace scénique circulaire occlusif qui imbrique de manière étonnement simple mais judicieuse le réalisme, avec la présence encombrante d'objets totémiques, et la distanciation, avec l'irruption tangible du fantasme et de l'imaginaire.
Dans ce carrousel de la condition humaine sans pilote qui tourne en rond et à vide, l'anti-héros passe d'un personnage à l'autre de manière quasi cinétique se colletant avec leur part de détresse et d'humanité dans une indispensable quête d'identité.
Un spectacle intelligent, roboratif et rondement mené : une réussite tout simplement. |