Les frères Poivre d'Arvor prennent régulièrement la plume à quatre mains pour épancher leur passion commune pour les aventuriers, au sens noble du terme, eux qui enfants rêvaient de partir pour les horizons lointains et dont les tribulations furent plus modestes et "institutionnalisées".
A savoir, pour ceux qui l'ignoreraient encore, pour Olivier Poivre d'Arvor, limitées à une aventure théâtrale de jeunesse avant de suivre les sentiers balisés du réseau culturel français à l'étranger qui l'ont conduit à l'intégration du Quai d'Orsay puis à la présidence de France Culture, et, pour Patrick Poivre d'Arvor, à écumer et conquérir le PAF sous le sigle PPDA.
Après "Les solitaires de l'extrême", "Les courriers de nuit", "Les chasseurs de trésors" et "Les récits de navigateurs", ils proposent, juste à point nommé pour les cadeaux de Noël, un beau livre abondamment illustré intitulé "Jusqu'au bout de leur rêves" pour partir à la rencontre de 30 figures d'hommes et de femmes d'exception "qui se sont brûlé le coeur et les ailes".
Alors que leurs précédents opus dans ce registre étaient thématiques, celui-ci se présente comme un melting-pot investissant toutes les déclinaisons de l'exploration même si se dégagent quelques domaines de prédilection comme les fous du désert, les aventuriers des mers, les fous volants et les explorateurs polaires.
En quelques pages, et beaucoup d'images d'époque, ils réalisent une résumé synthétique de l'épopée de chacun d'eux.
Force est de constater que la sélection opérée par les Poivre d'Arvor après, indiquent-ils en introduction, de sévères arbitrages, porte principalement sur des héros de l'impossible dont les noms sont connus du grand public qu'il s'agisse, entre autres, du vulcanologue Haroun Tazieff, du poète Arthur Rimbaud, du journaliste et écrivain Joseph Kessel, de l'ethnologue Paul-Emile Victor, de l'orientaliste Alexandra David-Neel ou du mythique Lawrence d'Arabie.
En revanche, quelques uns ne jouissent pas de la même notoriété sans doute parce que leur parcours ressortit davantage au nomadisme des globe-trotters sans visée technique ou scientifique dans une quête personnelle voire extatique.
Ainsi en est-il de Michel Vieuchange qui a vu rêve qu'il devait atteindre la ville marocaine de Smara et qui meurt à l'age de 26 ans en y arrivant en 1930 après avoir fait 1 400 km à pied, ou de femmes journalistes et/ou photographes, souvent d'origine suisse, telles Annemarie Schwarzenbach, Ella Maillard ou Isabelle Eberhardt.
A noter également que tous sont nés entre 1813 et 1929. Faut-il en déduire que la race des aventuriers s'est éteinte dans la deuxième moitié du 20ème siècle ? Ou que les Poivre d'Arvor prévoient une suite pour 2011... |