Comédie dramatique de Biljana Srbljanovic, mise en scène de Anne Bisang, avec Yvette Theraulaz, Vincent Lecuyer, Armen Godel, Nicole Colchat, Gabriel Bonnefoy, Céline Bolomey, Fabrice Adde et Lise Wittamer.

Les questions fondamentales de l'identité, de l'altérité et de l'humanité dans une situation, une époque, un pays, nourrissent de tout temps le théâtre et, la dramaturge serbe Biljana Srbljanovic, puise tout naturellement dans son histoire nationale contemporaine pour ancrer son opus "Barbelo, à propos de chiens et d'enfants" dans une réalité incontournable, celle de la quête de nouveaux repères.

Rythmée par un humour ironique, cette tragi-comédie, qui mêle le fantastique et le burlesque, se libère des codes narratifs théâtraux et pose également la question existentielle du sens de la vie pour l'animal humain, dévoile des liens de parenté avec l'écriture de Hanokh Levin à laquelle est ajoutée une composante féminine tenant la condition de la femme et à la maternité ou la non-maternité, comme acte révolutionnaire.

Le personnage central, double théâtral de l'auteur, une jeune femme obsédée et effrayée par sa fonction reproductrice dans un monde dévasté, s'interroge sur le sens de la vie alors qu'elle vient d'épouser un louche homme politique père d'un fils boulimique à peine perturbé par le suicide de sa mère. Le fantôme de sa mère, un policier détraqué, un vétérinaire avorteur, un vagabond qui prend son chien pour sa mère, sont autant de figures qui viennent interférer de manière plus ou moins onirique dans son univers.

Dans le bel espace scénique conçu par Anna Popek, circonscrit par un immense anneau multi-symbolique, Anne Bisang réussit magnifiquement à porter sur scène un texte kaléiodoscopique, parfois même stroboscopique, truffé de chausse-trappes et d'impasses textuelles, qui déferle par vagues recouvrantes et nécessite une écoute attentive.

Autour de Lise Wittamer excellente dans le rôle principal, tous les comédiens évoluent avec talent dans un champ de registres quasi illimité, de la poésie à l'hyper-réalisme.