Spectacle théâtro-humoristico-musical écrit par Martine Thinières, mise en scène de Marc Locci, avec MartineThinières et Marianne Pichon.
Comme pour tous médicaments et tout particulièrement les anxiolytiques et les euphorisants le spectacle "Les Mauvaises" ne doit être ingéré qu'après lecture de la notice d'emploi et notamment du paragraphe consacré aux contre-indications.
Ainsi pisse-vinaigres, critiques-musiciens et/ou musiciens-critiques, spectateurs évaporés, ventouses du plancher des vaches, et spécialistes de la mécanique quantique, entre autres, éviteraient fourvoiement et déconvenue.
Car Les Mauvaises viennent d'une autre dimension. Même pas la 4ème ou la 5ème, déjà bien encombrées, mais de la 6ème, voire plus, paradis de l'humour loufoque et décalé dont les habitants pratiquent la religion monomaniaque du second degré. Et elles ont atterri sans parachute. Leurs synapses ont été rafistolés à la lampe à souder et leur anomalie génétique tient moins à la raideur de leur auriculaire qu'à celle de leur archet.
Car les donzelles, qui répondent aux doux noms de Blanche Descroches et Violette Cantabile, se piquent de mélomanie intempérée. Et quand elles s'attaquent à "L'érotisme du 2ème mouvement", mieux vaut attacher sa ceinture, en cas de tentation d'utilisation intempestive du bouton "siège éjectable", afin de ne pas rejoindre la galaxie des fous furieux et régurgiter sa petite histoire de la musique.
Car leur histoire de la musique, drôlement revisitée et aléatoirement illustrée, à travers les oeuvres de Jean-Roger Millefeuilles et Nino Gorgonzola, spécialistes du branle et de la bourrée, l'analyse musico-freudienne des tics et mites de Médée, la courante entérite de Bach, "La belle Haleine" de Offenbach et le trio RDC (Ravel-Descroches-Cantabile) décoiffe sérieusement et déboulonne les certitudes musicalistiques.
Martine Thinières a écrit une partition improbable pour clowns interstellaires et, sur scène, les officiantes violoncellistes sont deux comédiennes totalement empathiques, suffisamment aguerries et talentueuses pour jouer... les mauvaises. Elle-même, la blanche lobotomisée à la nonchalante pétulance, et Marianne Pichon, la violette hyperactive qui ne se prend pas pour la queue d'une prune, dispensent une hilarante fantaisie totalement roborative
judicieusement encadrée par Marc Locci.
La première, tutufiée comme un petit rat de l'Opéra qui aurait raté un grand écart, avatar dyslexique de Droopy, et la seconde en robe de mousseline des années SLC, distillent un véritable élixir de jouvence pour combattre la morosité et le rationalisme.
Ce spectacle théâtro-humoristico-musical n'est donc pas à mettre entre toutes les oreilles et il est obligatoire de laisser son bon sens au vestiaire. |