Spectacle vocal interprété par Pascale Costes, Sandrine Mont-Coudiol, Karine Sérafin, Patrick Laviosa et Xavier Margueritat, dans une mise en scène de Marc Locci.
Cinq de Coeur constitue la "danseuse", et quelle danseuse, de cinq chanteurs de formation classique - Pascale Costes, soprano, Sandrine Mont-Coudiol, alto, Karine Sérafin, soprano, Patrick Laviosa, ténor, et Xavier Margueritat, baryton - ayant choisi de se divertir, et de divertir, sous forme d'un quintet vocal a capella, un des exercices les plus difficiles basés sur la virtuosité vocale, de surcroît de haute voltige, sans droit à l'erreur.
Cinq de Coeur a commencé et finit l'année 2010 au Théâtre du Ranelagh dans une explosion de fraîcheur scénique et de brio vocal. Après les détonantes déambulations métropolitaines de passagers coincés sous terre dans "Métronome", voici les pérégrinations débridées de "Chasseurs de sons" extraterrestres venus d'une galaxie pop pour collecter le meilleur des sons, trame scénaristique qui lui permet de se balader du répertoire opératique à la chanson française en passant par la variété internationale en empruntant les chemins de traverse de la parodie et du pastiche.
A l'image de l'affiche, ce spectacle pétille de couleurs et de bonne humeur. Doté d'une technique imparable, jongleur de trilles, magicien de la syncope et maître de l'arpège, Cinq de Coeur ne commet aucune fausse note dans l'exécution tout aussi rigoureuse que malicieuse de cette épopée polyphonique et l'évident bonheur sur scène des acolytes est communicatif.
Sous la direction de Marc Locci, qui impulse un rythme soutenu sans pause autre que musicale, le quintet aux tessitures harmonieuses, à l'aise dans tous les registres musicaux, qui se sont mitonnés, avec la collaboration de Didier Louis, de riches et variés arrangements, se charge de tout : jeu, comédie avec un vrai sens comique , pas de danse à la scénographie étudiée, bruitages pour camper le décor, et interprétation virtuose.
Cet exercice sans filet, sauf un bucolique filet à papillons pour traquer la gamme et capturer les grands standards qui résonnent à chaque oreille, comporte notamment de savoureuses parodies qui, parfois, ne manquent pas de sagacité "politique", telle celle d'une célèbre chanson de Jacques Brel devenue "La vache à mille francs" sur l'inflation du prix entre le producteur et le consommateur.
Ponctué de solos qui donnent la mesure de chaque officiant, qui incarne un personnage individualisé et récurrent dans leurs différents spectacles, le succès de ce divertissement musical repose sur l'indispensable et primordiale choralité laissant aux vestiaires les ego des solistes. Un pari et un défi relevé haut la voix. |