Le 8 décembre dernier, les médias du monde entier ont célébré les trente ans de la disparition de John Lennon. Etrange coutume que de fêter la mort d’une célébrité, quelle qu’elle soit, ne trouvez-vous pas ? Cette date a été précédée, quelques semaines avant, de l’annonce de la parution de l’intégralité de l’œuvre des Beatles sur le magasin global iTunes. Pas sûr que l’artiste aurait apprécié cette célébration mercantile. Veuillez laisser le respect de l’artiste à l’entrée du magasin svp, bref, passons ce détail.
On a aussi vu apparaître sa dernière interview qui devait être restée bloquée dans un tiroir depuis toutes ces années, un film sur sa jeunesse, dont la bande annonce ne laisse rien présager de très intéressant, et j’en passe.
De la masse de ces commémorations, celle de David Foenkinos nous est parvenue il y a quelques semaines. Elle a au moins le mérite de présenter un contre-pied original. Ce n'est pas une biographie contenant les souvenirs d’une sombre cousine, se remémorant le jeune trublion. Non, David Foenkinos a écrit un livre de fan. De toute sa connaissance et sa passion évidente pour les Beatles, l’auteur a décidé de faire un flashback sur la vie de John Lennon. Prétexte au "Je", il a choisi de plonger le lecteur au centre de confessions, en le mettant dans la peau d’un analyste, que le musicien viendrait consulter. Ce tour de passe-passe permet une immersion immédiate dans l’histoire de l’un des musiciens les plus commentés, critiqués, adulés (rayer les mentions inutiles) depuis les années 60. On pourra douter de certaines réflexions personnelles avancées par l'auteur, certains passages se voulant comme explications de décisions prises par John Lennon. Même si sa vie a été extrêmement suivie, déballée, fantasmée ou même exposée par lui-même, on peut douter de certains retours sur l'histoire des années après et sans faits pour les étoffer.
Néanmoins, le livre est très agréable à lire. Le fait que l'auteur ait choisi la première personne renforce le sentiment de proximité. En outre, on y apprend des choses fascinantes (ce fut mon cas). Revivre les débuts de ce jeune musicien de Liverpool et son désir de sortir d’un ennui évident dans une société anglaise conservatrice, au lendemain de la seconde guerre mondiale, éclaire certains passage de sa vie future. Se retrouver plongé au cœur de la folie de la beatlesmania, des errances de John, pour la supporter, des années drogues, post Beatles, le tout sur 230 pages est un vrai bonheur. Loin de vouloir déconstruire le mythe ou de le réhabiliter, Lennon place simplement l’éclairage de la vie de John sous un angle différent et montre les doutes d’un homme, dont la vie ne lui appartenait plus depuis longtemps et comment il a réussi (ou pas) à vivre avec. La célébrité à outrance, n'a jamais réussi à satisfaire cet homme, qui n'aurait certainement pas réussi à vivre une simple vie de quidam.
Lennon est un livre de fan, mais pas à destination des seuls fans du quart des garçons dans le vent. David Foenkinos, en funambule de l'écriture, est parvenu à mêler intérêt historique, et extrapolations post mortem, l'exercice n'était pas facile au départ. |