Spectacle conçu et mis en scène par Bartabas, avec Bartabas et Ko Murobushi avec la participation de Raveenran Peringaden.
Epure sublime au plan visuel et plastique sous les lumières caravagesques de Françoise Michel, "Le Centaure et l'animal" réunit sur scène, autour des "Chants de Maldoror" de Lautréamont et du mythe du centaure, le danseur japonais Ko Murobushi, maître du bûto, et Bartabas créateur du spectacle équestre.
Abondance de biens ne nuit pas mais la confrontation d'univers forts aussi différents avec une articulation aussi singulière - qui a lu, et a fortirori décrypté, l'intégralité de la prose poétique, crépusculaire et morbide de Lautréamont - relève du pari délicat et ce spectacle, composé de visions et de performances, fonctionne davantage par juxtaposition que par symbiose.
Juxtaposition, sur
une partition musicale
électro-acoustique composée par Jean Schawrtz et la lecture off d'extraits du texte de Lautréamont par Jean-Luc Debattice qui joue beaucoup sur les altérations du souffle pour un texte dont la puissance évocatoire et incantatoire se passe de tels artifices, Ko Murobushi
a réglé sa chorégraphie cantonnée en bord de scène et Bartabas a transformé le plateau en manège noir à la Soulages.
Restent, et ce n'est quand même pas rien, la danse conceptuelle et introspective de Ko Murobushi, sorte de Golum à la peau argentée extirpé de sa gangue archaïque qui explore l'animalité de l'homme, et la prodigieuse danse équestre dirigée par Bartabas, tour à tour chevalier noir de l'Apocalypse, ange exterminateur et centaure déchu, avec des animaux somptueux et fascinants, les chevaux, Horizonte, Soutine, Pollock et Le Tintoret.
Leur beauté, littéralement magique, tant de leur corps physique, de leur gestuelle que de l'âme qui nourrit leur prestation, transcende le spectacle. |