Comédie dramatique écrite et mise en scène par Anna Nozière, avec Catherine Boeuf, Virginie Colemyn, Fabrice Gaillard, Camille Garcia, Martial Jacques, Julie Lesgages, Marina Moncade et Pascal Thétard.
L'opus autofictionnel de Anna Nozière "Les fidèles", sous-titré "L'histoire d'Annie Rozier", s'inscrit dans une des thématiques de prédilection de la dramaturgie théâtrale, la famille pathogène et dans un contexte qui tient du conte du bas Moyen Age, du drame paysan naturaliste à la Zola et du rigorisme des micro- sociétés scandinaves du 19ème siècle.
A coup d'illuminations névrotiques qui tiennent des stations du chemin de croix, et dont il faut espérer qu'elles font office de résilience, Annie Rozier se débat avec l'héritage de sa naissance, ses souvenirs et son enfance dévastée au sein d'une famille baignant dans un obscurantisme délétère favorisé par la superstition religieuse avec un saint sulpicianisme imergé dans le satanisme : un père obtus, un oncle incestueux, une mère maltraitante, une grand-père grabataire, une grand-mère gâteuse, et pas moins de deux figures cléricales.
Le parti pris formel de la mise en scène assurée par Anna Nozière elle-même, la construction en tableaux ritualisés, souvent burlesques et toujours symboliques, dans lesquels se meuvent des personnages frénétiques sans affect ni corporéité, des personnages en deux dimensions comme ceux des dessins d'animation, et l'absence de réelle progression dramatique induit la sensation d'une machine qui tourne en rond, ce qui est d'ailleurs peut-être volontaire pour montrer cette macération entropique dans laquelle se meut et se débat l'enfant.
Cela étant, tous les comédiens jouent à l'unisson et réussissent un beau travail choral de distanciation. |