Intérieur nuit, un cabaret aux banquettes rouges. Une décoration aux airs d'art nouveau, un peu défraîchi mais cosy.
Dehors, il neige, forcément. Dedans, quelques conversations s'animent autour de quelques verres de bon vin ou de whisky.
La scène est plongée dans la pénombre mais on distingue une contrebasse qui attend patiemment. La scène s'allume, à peine, dévoilant un épais brocart rouge en fond de scène. Le groupe arrive, les premières notes de contrebasse emplissent la salle, les conversations cessent. "We talk too loud...", les premiers mots ensorcelent, cette voix profonde, en parfaite harmonie avec la contrebasse qui gronde, gentiment, adoucie par ses choeurs soulignant joliment sa ligne mélodique.
Le public s'enfonce dans des fauteuils club usés mais encore si confortables, pour se laisser bercer par les arrangements de cordes, parfois de cuivres de Dez Mona. Un piano et quelques percussions feutrées s'invitent également de temps à autre, ajoutant au côté cabaret de la chose si besoin était.
Car bien sûr, c'est cette ambiance qui prédomine entre Kurt Weill et Nick Cave, finalement pas loin du tout, notamment sur le premier morceau de l'album ("Beyong Redemption") des regrettés français de Jack the Ripper.
Quelques notes un peu jazz renforce l'ensemble. Jamais agressif, jamais cotonneux, Ce disque flotte entre deux eaux, et nous avec. Ni Dresden Dolls, ni Elysian Fields, et c'est la force de Dez Mona, le groupe prend la tangente, invente un cabaret sombre et confortable, émouvant mais sans douleur.
Dez Mona sonne comme "démon" dans un dialecte hypothétique et forcément oublié, une belle façon en tout cas de vendre son âme au diable. |