Voilà mine de rien un sacré bout de temps que Rachel
Goswell nous accompagne. Des balbutiements de la période
shoegazer de Slowdive juqu'au tout récent
Spoon and Rafter, dernier album des
Mojave 3.
Mais jusqu'à présent, dans ces groupes bicéphales,
elle faisait office d'outsider à côté de Neil
Halstead, son pendant qui, lui, a déjà à
son actif un album solo et quelques autres side-projects.
Pourtant si elle semblait un peu effacée jusqu'à
présent, elle nous menaçait déjà depuis
longtemps d'un album solo, et ce fut une surprise que de voir enfin
cette annonce se concrétiser.
Waves are universal est donc enfin
entre nos mains. Passons sur la très jolie pochette et entrons
directement dans le vif du sujet, posons la question qui brûle
vos lèvres et tentons d'y répondre "Alors alors
? il est comment ce premier album solo sans Neil ?"... Et bien
il est complètement différent de ce que l'on pouvait
imaginer.
Autrement dit, ce n'est pas du Mojave 3 et encore moins du Slowdive
et c'est tant mieux.
Waves are universal est un disque folk. Du folk fait de mélodies
douces alternant avec des chansons "power pop" tubesques.
Les guitares pas tout à fait débarrassées des
encombrants effets de la période shoegazer (réverbération
notamment) sont néanmoins beaucoup plus aériennes
et participent largement à un son à la fois léger
et mélancolique sur les ballades mais aussi sombre et "rock"
sur les morceaux plus énergiques.
En ce sens le titre qui ouvre l'album, "Warm
summer sun", est une synthèse à lui seul
de l'album. Un début calme et mélancolique qui laisse
la place à un entêtant gimmick de "cornemuse"
complètement hypnotique. Rachel Goswell
nous prend à revers, avec un style que l'on n'attendait pas
vraiment de sa part, tout comme sur le sombre et dense "Coastline"
et ses guitares qui se situent schématiquement entre Portishead
et 16 Horsepower. Elle invente le trip-folk.
Un son puissant et répétitif sur une mélodie
et une voix folk.
D'ailleurs sa voix, peu mise en valeur sur les précédents
travaux avec son compère, est une grande découverte
: une vraie voix qui s'impose par dessus la musique, qui sait être
puissante et affirmée mais aussi sensuelle et émouvante.
On pense parfois à Elisabeth Frazer
("Save Yourself"), à Alanis
Morrissette dans certains moment plus folk rock ("No
Substitute") ou encore à Heidi
Berry pour la douceur du chant de "Plucked"
ou "Beautiful feeling", autre
incontournable, et pourtant oubliée, artiste de chez 4AD.
Ac Newman nous confiait récemment
que le fait d'enregistrer un album sous son nom propre plutôt
que sous un pseudonyme obligeait à plus d'honnêteté
et à davantage d'investissement personnel. Tel semble aussi
être le cas pour Rachel Goswell qui parait totalement émancipée
de son groupe.
Un disque haut en couleurs qui n'a rien à envier dans un
registre néanmoins bien différent, à son petit
frère Mojave 3.
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