Spectacle de cabaret new burlesque présenté sous la direction artistique de Kitty Hartl, avec Dirty Martini, Mimi Le Meaux, Kitty on the Keys, Jule Atlas Muz, Evie Lavelle et Roky Roulette.
Avec le succès du film "Tournée" de Matthieu Amalric, récompensé à Cannes en 2010 par le prix de la mise en scène, qui narre la tournée d'une troupe de strip-teaseuses new burlesque dont les protagonistes sont réunis en France dans le Cabaret New Burlesque, ce dernier a trouvé une visibilité incontestable et s'est révélé une découverte jubilatoire au point de susciter un véritable engouement pour le registre qu'il promeut.
Un spectacle que spectateurs curieux et amateurs passionnés ont découvert et suivi depuis ses premiers spectacles impulsés, à la quasi mi-temps des années 90, sous l'égide et la direction artistique de Kitty Hartl, dans des salles sinon confidentielles du moins hors du champ d'investigation des lieux institutionnels comme le Théâtre de la Cité Internationale, où il joue à guichets fermés en cette fin d'année 2010 avant de se produire au 104.
Ressortissant de l'art de la performance, le "new burlesque", supporté dès ses débuts outre-Atlantique par les milieux gays et lesbiens et ayant depuis converti tous les genres, n'excite pas que le fantasme, la libido et les zygomatiques à en juger par l'encre qu'il fait couler quant à sa métaphysique : catharsis de "bad girls", subversion des normes, phénomène de contre-culture ou revival du music hall américain des années folles ?
Cela étant, "classe, sauvage et sexy" comme il s'autoprésente, le Cabaret New Burlesque s'inscrit dans le registre du spectacle de divertissement basé sur le strip-tease, sur lequel se greffe un mélange de registres allant de la comédie à la satire dans lequel excès et humour sont toujours présents, et la déclinaison kitchissime des icônes glamour de l'âge d'or du cinéma hollywoodien.
Il propose un florilège du new burlesque avec des numéros, drôles, chaleureux et néanmoins sensuels, qui, aux antipodes de l'érotisme esthétisé véhiculé par certains cabarets comme le Crazy Horse ou danseuses telles Dita von Teese, dynamitent les stéréotypes féminins.
Toute règle a son exception et, dans cette bande de femmes, elle se nomme Roky Roulette, un homme-performer fou furieux du strip-tease sur bâton à ressort et de la caricature trash de la restauration rapide américaine, pas celle du clown, l'autre, celle du colonel cuistot.
La soirée se déroule sous la houlette de Miss Kitten on the Keys, reine de la kittitude, qui joue la maitresse de cérémonie et la chauffeuse de salle dont elle a l'abattage grivois.
Payant fort gaillardement de sa personne, en tenues aussi fantaisistes qu'affriolantes, de la Jane tarzanesque avec son os anal à la chanteuse de saloon en passant par la cocotte de la Belle Epoque, elle assure également les intermèdes en poussant la chansonnette avec un bel organe qui va du miaulement de Betty Boop aux graves de Duke Ellington.
En premier lieu, ouvrant le bal, "the first", l'unique, l'impératrice du new burlesque au morphotype de la Vénus de Lespugne, la plantureuse Dirty Martini,
que même le Kaiser du slim n'a pas hésité à mytifier photographiée sur l'escalier de la rue Cambon.
Miss Amérique du Burlesque, lauréate 2004 du Miss Exotic Tour, elle s'est baptisée, avec une sagacité ironique, du nom d'une déclinaison féminisée et branchée du fameux cocktail jamesbondien pour ressusciter, cheveux roses et chantilly de satin mauve, l'iconique Mae West, entrée dans l'Histoire, et pas seulement celle du 7ème art, grâce à Dali, dans un personnage indomptable, insoumis et à l'humour à double sens.
Show maîtrisé par la papesse du tournoiement de nippies, à l'unisson ou en solitaire, qui est particulièrement incisive avec son effeuillage sans concession intitulé "God bless America" où, sanglée dans une robe bannière des USA, elle incarne une justice aveugle particulièrement prosaïque qui déborde de billets de banques par tous les orifices.
Glamour chic avec Evie Lovelle qui a
choisi la femme des années 40, séductrice mais mystérieuse qui promet plus qu'elle ne dévoile vraiment, la femme de rêve du film noir au corps parfait selon les canons de l'époque.
Poitrine proéminente en obus de canon, taille fine, hanches généreuses, teint de lait, bouche rouge et longue cascade de cheveux de jais brune dont elle joue sans parcimonie, empanachée dans des débauches de satin qui revisite le fourreau, elle joue, avec les standards de l'effeuillage, les Gilda lascives qui ne se contenteraient pas d'enlever leur gants.
Corps voluptueux, teint de nacre, cheveux platine, Mimi Le Meaux, "Le Miaou" prononcé à l'américaine, pionnière du renouveau du burlesque,
incarne une Marilyn qui aurait atteint la plénitude de sa maturité et libéré son corps en l'ornant de tatouages.
Sur une musique ondulante pour brosser le cadre une île paradisiaque, reine du tamouré, elle se fait vahiné aux déhanchements édifiants et revient ensuite avec son truc en plumes roses pour une danse des éventails particulièrement lascive et torride.
Enfin,
couronnée Miss Exotic World 2006, Julie Atlas Muz conçoit des numéros originaux qui travaille sur l'image de la pin up des années 50 version petite tenue dans lesquels elle intègre la danse et une forte composante théâtrale et/ou plastique.
Dans ce cadre, elle présente deux numéros très différents qui remportent un beau succès : une variation humoristique du film d'horreur dans laquelle elle est poursuivie par une main baladeuse tout droit sortie de la Famille Adams et une sublimation de la danse des ballons avec un unique ballon géant dans lequel elle s'introduit totalement pour créer des effets de théâtre d'ombres érotiques.
De quoi placer la soirée sous le signe de la jubilation qui finit sous les ovations. |