Montage de pièces de Beaumarchais dans une adaptation de Sophie Lecarpentier et Frédéric cherboeuf, mise en scène de Sophie Lecarpentier, avec Valérie Blanchon, Frédéric cherboeuf, David Migeot, Florent Guyot, Guillaume Marquet, Solveig Maupu, Alix Poisson et Julien Saada.
Ambitieux projet que celui de Sophie Lecarpentier et Frédéric Cherboeuf de composer une "Trilogie de Beaumarchais" réunissant l'essence de ses trois opus théâtraux majeurs de tonalité différente, "Le barbier de Séville", "Le mariage de Figaro" et "La mère coupable" dont les personnages récurrents sont montrés à trois époques successives, en trois actes, chacun équivalant à une pièce de format court.
Entreprise audacieuse qui peut bénéficier de la percutance du 3-en-1 mais qui repose sur un difficile exercice de réduction auquel les deux officiants ont adjoint celui du recentrage, en l'espèce, sur l'effet du temps sur le double thème de l'amour et de la politique.
Certes, les puristes critiqueront ce "charcutage" mais il n'y a pas lieu de se tromper de cible et le montage proposé sous le titre "3 folles journées" est à prendre pour ce qu'il est, et, au demeurant, annoncé sans ambiguïté : une adaptation. En l'occurrence, réussie puisque l'esprit de chaque partition et la gradation de la farce au drame respectés.
Sur scène, dans un judicieux et beau décor de Hélène Lecarpentier et Anne Lebas, constitué de de claustras modulaires en forme de jalousies, et un habillage musical de Bertrand Belin qui arrange les intermèdes originaux avec ce désenchantement élégant dont il a le secret qui colle à la langue de Beaumarchais, le spectacle est rondement mené.
La mise en scène de Sophie Lecarpentier, qui sort du sentier du méta-théâtre explicite qu'elle affectionne, s'appuie sur le talent de comédiens aguerris, qui savent jouer des nuances, judicieusement distribués.
A savoir Florent Guyot, savoureux barbon jaloux, Valérie Blanchon, délicieuse Rosine coquette en herbe qui va déchanter, Stéphane Brel, séduisant libertin Almaviva, Guillaume Marquet en Chérubin croquignolet, Julien Saada, désopilant Basile, et Solveig Maupu, stupéfiante Marcelline.
Et puis, il y a le couple Figaro-Suzanne avec les excellents Frédéric Cherboeuf et Alix Poisson, tous deux bien inspirés. |