Septième arrondissement de Paris : Tour Eiffel, Champ de Mars, Invalides, immeubles prestigieux pour upper-classe fort bourgeoise. Voilà le décor dans lequel la charmante Mona Cabriole vient échouer son scooter rose-rouge-noir pour sa huitième aventure. Il y sera question, le titre l’indique, d’Elvis Presley, mais aussi, c’est la règle de cette série de polars rock’n’roll, de meurtres, d’intrigues et de musique.
Sous la plume de Stéphane Michaka, auteur de théâtre déjà converti au roman noir à l’occasion du très remarqué La fille de Carnegie (2008), Mona Cabriole perd certainement dans ce septième arrondissement, "le moins rock de Paris", une part de sa jeunesse. Son amour pour la musique, rock viscéral à la tension noire qui avait pu lui coller à la peau dans certains opus précédents, prend ici les traits d’une véritable quête identitaire.
Qui est Mona ? Quelle journaliste est-elle prête à accepter de devenir ? A travers la figure du King, grand-père de tous les rockers d’aujourd’hui, c’est peut-être aussi une recherche déboussolée de l’image du père à laquelle se livre la journaliste (le père absent, le père-papa, le père amateur de Presley, le père journaliste, le père disparu…). Tournée face au miroir de sa propre enfance, arrachant les masques de son innocence supposée, elle interroge son propre reflet. All shook up, elle aussi. Jamais aussi introspective, Mona va à la rencontre d’elle-même au fil d’une enquête ou elle semblera toujours avoir un coup de retard, et qui la poussera ans ses propres retranchements déontologiques.
En prenant plus de distance avec le rock, ou plutôt en orientant le postulat du polar-rock vers l’obsession ambiguë de son héroïne pour l’une des figures les plus emblématiques de cette musique qui sera toujours celle de la jeunesse, Michaka s’autorise surtout à développer une authentique intrigue polar : sinueuse, complexe, riche en retentissements existentiels, haletante d’un suspens savamment maîtrisé. Il interroge au passage, l’air de rien, la profession même de journaliste, notre rapport à la célébrité, au pouvoir et à l’ambition. Il s’offre aussi, avec un plaisir d’écriture évident, des scènes d’actions dignes des meilleures productions hollywoodiennes. Mais l’essentiel du plaisir de la lecture réside tout de même dans la facilité avec laquelle l’auteur nous donne envie, page après page après pages, de suivre l’enquête de la journaliste. L’un des excellents rendez-vous sans prétention de ce début d’année 2011. |