P. est un jeune homme oisif qui passe beaucoup de temps à rêvasser dans sa chambre. Mais comme il faut bien vivre, il s'acoquine parfois avec des rencontres de bar afin de participer à quelques coups peu reluisants, escroqueries et autres magouilles. Puis un jour, il rencontre Lola, jeune femme ensorcelante qui l'entraînera hors des rues de Paris, dans un voyage qui commence au Portugal, passera en Amérique, continuera en Asie, dans un rythme de plus en plus effréné, avec des couleurs de plus en plus vives. Mais Lola la femme fatale existe-t-elle ou n'est-elle qu'un fantasme ?
"Je doute parfois, le soir, que cette cavale soit bien réelle, car toujours, dans la vie, même dans les longues périodes d'euphorie où l'on danse plus qu'on ne marche, on trouve de ces petits temps de flottement, d'ennui léger, qui équilibrent la balance et font la joie à venir plus grande."
L'écriture du livre est recherchée, poétique. Le style bascule très vite d'un style parlé à une langue classique. Mais c'est surtout dans la construction en ellipse du récit de son héros que Pierre Ducrozet surprend. Il bouscule le spectateur par une narration chaotique, passant sans transition d'un lieu à un autre, d'une situation à l'autre. "Je suis dans un bus. Je touche la vitre. Froide : je ne dors pas. Ce n'était pas une prison, avant ? Parfois on s'égare."
Très agréable par le style d'écriture et les images poétiques inventées par Pierre Ducrozet, sa Lola manque néanmoins de corps. P. semble se démener dans un long voyage onirique. Mais, comme les dernières images fugaces d'un rêve finissent de s'évaporer au réveil, le lecteur oublie bien vite ce roman, pourtant plein de promesses, une fois la dernière page tournée. |