Damned ! Un 45 tours ! Mais comment je vais faire pour le lire ? Pouah ! T’es trop nulle ! C’est une grande pochette pour un petit CD. Tiens ? Pourquoi donc ? Un égo démesuré ? Comme ces hommes peu pourvus par Mère Nature et qui roulent dans des grosses caisses du tonnerre ?
Et non, nul n’est besoin de préciser que je suis un préjugé à moi toute seule, ce premier album solo de Mike Ibrahim est un concentré de modestie et de douceur. La Route du Nord, c’est la voix sacrée des émigrés, ceux qui investissent toutes les épargnes familiales pour envoyer l’un des leurs dans les mains de passeurs douteux, pour tenter l’aventure au Nord, là où tout semble facile.
Sur des airs tristes, il chante la chaleur, l’amour et la passion : "Tu vois ce que je veux dire" (nos cœurs incontrôlables…). Sur des airs tristes, il chante l’exil ("La route du Nord"), l’éloignement et le manque. Sur des airs tristes, il chante les CRS ("Ce moment avec toi"), les délits de faciès et la condescendance mal placée ('La France qui se lève tôt"). Sur des airs tristes, il chante les voyages, des paradis perdus et des désillusions ("La fille sans memory").
Et franchement, je ne sais pas comment il fait, moi qui suis une éponge à la douleur, l’aspirant jusqu’à ce qu’elle me noie, j’ai trouvé tous ces airs nourris d’espoir, de celui qui fait se tourner le regard vers l’avenir, le futur, le là-bas, en le voyant forcément meilleur.
Preuve de talent. Preuve de maturité. Preuve que j’ai craqué, c’est carrément un beau gosse en plus… Qui joue de la guitare dans un vieux truc délavé… Ah la la… Nos cœurs incontrôlables… |