Pour l'hiver 2010-2011, le Musée National de la Renaissance présente une exposition à l'approche inédite intitulée "La France des Fondeurs - Art et usage du bronze aux 16ème et 17ème siècles" non pas en termes de statuaire ou d'arts décoratifs mais comme matière utilisée pour fabriquer des objets d'usage, c'est-à-dire des objets de la vie quotidienne.
Une exposition novatrice qui s'inscrit délibérément dans la politique muséographique du directeur du Musée National de la Renaissance, Thierry Crépin-Leblond, qui est de dépasser l'usage des monstrations illustratives et les théories parfois séculaires de l'histoire de l'art pour proposer des expositions thématiques générées par les travaux les plus récents en la matière.
Tel est donc le cas de celle-ci qui a pu voir le jour grâce aux travaux d'enquête et de contre-enquête de datation et de localisation des foyers de production et à l'étude stylistique approfondie menés par Bertrand Bergbauer, conservateur du patrimoine en ce musée, qui en assure le commissariat.
Il en a également supervisé la scénographie, très claire et lisible.
Une scénographie qu'il a souhaité guidée par un souci tant de didactisme que d'esthétisme afin de privilégier la noblesse de la matière et la beauté du florilège d'objets sélectionnés dont certains sont exceptionnels.
L'art au quotidien des fondeurs de la Renaissance
Instructives pour les collectionneurs et les spécialistes, historiens et marchands d'art, notamment par la présentation critique des centres de production et son apport quant à la contribution des fondeurs à l'évolution de l'art français, l'exposition est également passionnante pour le grand public.
En effet, elle concourt à la revalorisation des objets réalisés au quotidien par les fondeurs de la Renaissance restés pour la plupart anonymes, qu'il s'agisse d'objets liturgiques tels les cloches et les encensoirs, mais également d'objets profanes, comme les marmites, les mortiers, les luminaires ou le moule à cuillère.
Elle appelle l'attention sur le travail des bronziers, qui étaient de "simples" artisans souvent de dépourvus de culture et d'ambition artistique, dans la fabrication d'objets d'utilisation courante et quotidienne qui n'avaient pas vocation à être ou à devenir des objets d'arts.
Et cependant, rares sont les objets" bruts de décoffrage". Tous portent un motif décoratif aussi élémentaire soit-il, comme la fleur de lys,
L'exposition permet de découvrir une vraie richesse iconographique s'agissant des motifs et décors qui était totalement dépourvue et d'ambition artistique et de signification idéologique, des motifs religieux ornant des objets profanes et inversement.
Les fondeurs s'inspirent de modèles pris sur le vif tels la patte de chèvre qui donne la forme au manche d'une cuillère savoyarde ou les têtes de chien et d'oiseau au bout des branches d'un casse-noisette.
Mais, fait encore plus intéressant en matière d'histoire et de diffusion de l'art dans cette période plus complexe qu'il n'y paraît qu'est la Renaissance, du moins dans sa vulgarisation livresque, ils puisaient largement dans une sorte de corpus sui generis de modèles iconographiques constitués des plaquettes italiennes, flamandes et germaniques.
Or, ces plaquettes métalliques, à la thématique souvent religieuse ou mythologique, constituaient des vecteurs de diffusions des oeuvres d'art à laquelle les fondeurs ont participé en les intégrant au patrimoine français.
Et donc cette exposition raconte une belle histoire, celle des fondeurs, les M. Jourdain de la Renaissance, qui faisaient de l'art sans le savoir. |