Comédie dramatique d'après le roman éponyme de Jean Teulé, mise en scène par Elisabeth Sender, avec Marc Brunel, Christian Neupont et Hélène Vauquois.
L'affiche de ce spectacle, "Les lois de la gravité", donne le ton de la pièce. Deux personnages qui regardent dans une direction différente. Une femme rentre un soir dans commissariat de province. Dans le bureau du commissaire, les lumières sont éteintes. Il ne souhaite pas être importuné pour n'importe quelle raison.
Mais c'est pour avouer un meurtre qu'elle s'est déplacée jusqu'au commissariat, le meurtre de son mari. Ce meurtre a été commis dix ans auparavant, l'enquête de la police avait alors conclu à un suicide. Après lui avoir expliqué les raisons qui l'avait poussé à tuer ce mari violent, le commissaire refuse d'enregistrer sa déposition.
Cette pièce traite à la fois du poids du remords, des dégâts du non-dit et du besoin de pardon. Mais elle se déroule dans un environnement moderne, celui d'une police dépassée par la violence dans les cités, qui ne réussit plus à accomplir ses missions, où les hommes sont fatigués. Le commissaire n'en peut plus de cette horreur au quotidien, alors il comprend et pardonne à cette femme qui vient se constituer prisonnière.
Dans le rôle de la femme, Hélène Vauquois a l'air égarée. Ses chaussures plates tassent sa silhouette, ses épaules en avant portent le poids du remords. Dans le rôle du commissaire, Marc Brunet se livre à un superbe numéro d'acteur, il occupe pleinement la scène face à sa partenaire tassée sur son fauteuil. Sa carrure semble imposante, mais au fur et à mesure que la pièce se déroule la figure paternaliste se fissure pour laisser apparaître un homme épuisé par la vie, un homme dont le rôle dans la société ne semble plus si clair.
Christian Neupont, dans le rôle du policier de permanence, intervient régulièrement au milieu de ce huis-clos, toujours en décalage, et désamorce à chaque fois la charge dramatique de la pièce. Bien que moins présent en scène que les deux autres comédiens, Christian Neupont tient avec une belle présence ce rôle important pour le rythme de la pièce.
La mise en scène d'Elizabeth Sender est sobre afin de souligner les tensions entre les personnages. Quant aux atmosphères créées par les lumières et les sons par Jean-Maurice Dutriaux, ils participent de l'émotion et soulignent la misère sociale qui entourent les personnages.
Adapté pour le théâtre, le roman de Jean Teulé devient donc une pièce tendue mais aussi émouvante et même parfois drôle. |