Xavier de Moulins, surnommé le dandy du PAF, jounaliste de presse écrite qui a navigué de La Croix aux Inrocks, puis chroniqueur télé de Canal + à Paris Première et enfin présentateur de journal télévisé, a eu envie de tâter de la prose littéraire et vient de faire paraître son premier roman intitulé "Un coup à prendre".
Après Frédéric Beigbeder qui a levé le voile sur l'amour qui ne dure que trois ans, voici Xavier de Moulins qui révèle au monde que la décennie constitue la durée de vie du mariage, ce dernier n'étant pas son seul propos puisqu'il annonce vouloir proposer quelque chose de différent sur la paternité, les pères d’aujourd’hui étant pour lui "des aventuriers, des héros".
Pour ce faire, il a souhaité écrire "le parcours d’un antihéros des temps modernes, un père next door qui trimballe son spleen et son chagrin" que la 4ème de couverture synthétise comme "le difficile chemin d'un homme de la rupture à la séparation, avec la paternité en forme de rédemption".
La réalité est un peu moins glorieuse et l'avenir un peu moins saintsulpicien. En effet de quoi s'agit-il ? De l'abandon du foyer conjugal par un presque quadra qui rêve de liberté et de sexualité débridée avec une maîtresse jeune et jolie et se retrouve obligé d'assurer la garde alternée de ses enfants. Et ce looser (pas magnifique) est un écrivaillon adulescent, surtout glandeur, fonctionnant à l'alcool, aux cigarettes et au cocktail xanax-valium,
sans projet de vie et sans projet tout court, qui se laissait vivre mais que ses enfants dérangent au point de l'insupporter, et qui voit son épouse, qui a pris des formes et est devenue écologiste, comme "un éléphant de mer militant chez Greenpeace".
Immature, irresponsable, nombriliste, régressif, misogyne, dépressif, creux comme un navet, ni sympathique ni attachant, geignard permanent qui se dépeint comme un salaud ordinaire - comme si l'adjectif le dédouanait de se comporter de manière méprisable - et surtout, cerise pourrie sur ce gâteau
peu appétissant, il n'assume rien se défaussant en permanence. Pauvre petit bouchon !
C'est la faute des autres qui ne l'ont pas prévenu de ce qu'était le mariage et de son épouse qui le laissait être un légume pour mieux le culpabiliser - ce qui ne le faisait pas pour autant bouger un petit doigt -
et demande le divorce ("C'est moi qui t'ai quitté mais c'est toi qui m'abandonnes"). Bien évidemment son épouse ne souffre pas de cette situation, ni ses enfants transformés en bivouaqueurs à qui il vante
les avantages consuméristes du double foyer et dont il admire leur "manière si belle de dédramatiser l'existence".
Xavier de Moulins apporte ainsi une nouvelle déclinaison à l'homme de la génération des quadras empêtrée dans la posture du dandy urbain pratiquant un spleen branché avec un cynisme tragi-comique, figure initiée par Frédéric Beigbeder.
Composé de très courts chapitrés rédigés à la manière des chroniques journalistiques, narrant les mésaventures autofictionnelles de Antoine-Xavier (Au parc, Chez la pédiatre, Avec le vendeur de machine à laver) avec, certes, un sens certain de la formule, ce roman surfe sur la vague du roman style page turner, pendant masculin des chick lit, et le registre désenchantement qui fait florès en ce moment.
|