Les espagnols de Tokyo Sex Destruction sont de retour à Saint-Etienne dans la petite salle du Fil.
Malheureusement, pas grand monde semble avoir fait le déplacement pour profiter de la prestation. Grand mal leur en fasse car ils ont raté un excellent concert.
Incroyable surprise avec la première partie, les Frank Tyler James Lemers (FTJL). Une nouvelle formation a priori standard avec un guitariste, un bassiste, un batteur, un clavier et un chanteur. Je suis au départ assez craintif en voyant la dégaine des mâtrus : le batteur et le bassiste en pantalon noir, chemise noire et leur cravate orange nous donnent l’impression de sortir tout droit du groupe de fin d’année du lycée ; le chanteur et le pianiste ont tout du fashion rock avec jean slim et tricot ; mais le guitariste vient apporter une touche surréaliste avec une chemise à carreau pelle à tarte du plus bel effet dans une soirée sous psychotrope. Cet achalandage vestimentaire semble volontaire puisque le groupe a pour letmotiv la skyzophrénie, en même temps il fallait au moins ça pour associer leur look.
Finie l’analyse visuelle, passons à la musique. Et bien c’est là qu’est la surprise parce que le groupe est vraiment inspiré, il nous délivre un bon rock garage, énergique et énervé ! Le gratteux inspiré est vraiment la pierre angulaire du groupe et lui donne toute son essence. Usant en permanence d’un micro low-fi de talkie, la voix du chanteur vient appuyer l’ambiance garage, peut-être un peu trop à la longue. Le reste du groupe vient donner corps à l’ensemble qui fonctionne agréablement. Le cœur du public (certainement acoquiné avec le groupe) s’agite très rapidement et entre en osmose avec l’énergie déployée sur scène, le reste de la foule garde le problème classique du public stéphanois, c'est-à-dire une bande de listeners aux pieds solidement vissés au sol. Les FTJL ont réussi un excellent tour de chauffe, à suivre.
Et après ce tour de chauffe, c’est au tour Tokyo Sex Destruction de mettre plein gaz ! Et la pression est à bloc du premier au dernier morceau ! Les catalans ont le sang bouillant, c’est le moins qu’on puisse dire.
Avec les TSD, c’est une plongée brûlante entre les sixties et les seventies. Le groupe utilise les mêmes instruments que les FTJL à la différence que le chanteur remplit aussi le rôle de clavier. On déplorera d’ailleurs la mauvaise balance qui rendait le synthé au son rétro inaudible tant qu’un autre instrument jouait…
Mais ce n’est pas ça qui stopperait le chanteur au look de Beatles qui se déhanche et virevolte comme un vrai matador. Si sa seule présence suffirait à animer la scène tout entière, le guitariste n’est pas en reste et nous offre un spectacle de contorsionniste sur des riffs puissants et tendus. Heureusement que le reste du groupe est plus sage car la scène du club n’aurait pas suffit. Le batteur a d’ailleurs un sacré groove dans son jeu qui le rend tout aussi remarquable que la prestation scénique des deux furieux. Après quelques provocations envers la salle, le public se décide enfin à danser sur le fil des morceaux endiablés qui s’enchaînent. Le guitariste bondit alors dans la fosse et traverse la foule médusée.
Bilan : un show terrible comme on aimerait en voir plus souvent, ce qui me donne encore plus envie d’écouter leur rutilant side project, It’s not not.
|