Belle rencontre que
celle des deux Gilles, Gilles Hoyer, qui
fait ses débuts sur scène avec un one man show fort
prometteur "La première heure", et Gilles
Gangloff acteur, auteur, metteur en scène depuis plus
de 15 ans, qui ont écrit à quatre mains "La césarienne"
qu'ils créent cet été au Koçona café.
Amusante interview ponctuée de rires que celle des deux
Gilles qui n'ont de cesse de rebondir et de partir en vrille sur
les questions posées ou sur leurs propres réponses.
Difficile de tout retranscrire...dommage vous auriez dû venir...et
à défaut allez donc les voir sur les scènes
parisiennes.
Avec eux, on a pas fini d'en rire !
Comme Gilles Hoyer a déjà monopolisé
le micro pendant une heure pour raconter sa vie, du moins jusqu’à
son one, nous vous donnons la priorité pour nous raconter
la vôtre jusqu’à la pièce La césarienne
qui est au centre de notre rencontre de ce jour. Donc qui est Gilles
Gangloff ?
Gilles Gangloff : J'ai débuté en
montant un théâtre à Lyon il y a 15 ans et j'ai
fait mes armes en toute liberté. Ce qui était fabuleux.
Et puis je suis venu à Paris où j'ai fait un peu La
classe en 1991 avec Marc Gelas en duo. Nous nous sommes bien amusés.
Ensuite, nous avons formé un trio avec Thierry Rousset pour
monter une troupe Toufu Ramdam qui a été une grande
période de ma carrière, de rigolade et de création.
Nous nous sommes séparés pour partir vers des horizons
différents. J'ai eu quelques moments difficiles par la suite.
J'ai fait pas mal de choses avec la bande du Folie’s Pigall
avec Christophe Alévêque, Pierre Aucaigne et Jean Luc
Lemoine.
La troupe a explosé, sort connu pour beaucoup
de troupes à Paris. J'ai monté quelques pièces
à La Bohême. J'ai fait Graines de star qui était
assez marrant, le spectacle dans l'arène où on était
entouré de fous qui nous insultaient. Ensuite j'avais une
troupe dans un café théâtre qui s'appelait "le
complexe du rire" et nous avons monté une salle à
Lyon. Simultanément j'ai fait Avignon avec un one man show
dans lequel j'ai été repéré par Joanna
Bassi, l'adaptatrice, metteur en scène de Caveman. J'ai donc
joué l'homme des cavernes qui a très bien marché
l'année dernière et que je vais reprendre. Ah et puis
j'ai rencontré Gilles Hoyer l'année dernière
…c'était où? Ça s'appelait comment ?
Gilles Hoyer : Le lupanar (rires)
Gilles Gangloff : …non au Rendez-vous des
amis que voulait produire Michel Vaillant avec une douzaine de one
man show. D'où le début de notre collaboration. J'ai
mis en scène, si on peut appeler cela ainsi, son one man
show "Première heure".
Avec le recul quelle expérience tirez-vous
de l'époque où vous aviez créé votre
propre théâtre?
Gilles Gangloff : J'ai eu beaucoup de mal à
m'adapter au système parisien. A Lyon, j'étais libre.
J'ai mis plus de 10 ans à l'accepter. Personne ne vous attend
même si vous avez une idée géniale, enfin géniale
à vos yeux. Il faut se battre. Et ce n'est pas forcément
le meilleur qui gagne. Il faut aussi être un bon commerçant.
Et puis à Lyon il y avait un public pour les 12 café-théâtres.
C'était dur surtout humainement parce que
je m'attendais à rencontrer des gens passionnés comme
moi et j'ai rencontré la passion de la réussite. J'ai
fais une grave dépression. J'étais très enthousiaste
et je ne comprenais pas pourquoi les gens ne voulaient pas foncer.
L'argent n'était pas un moteur. On m'aurait donner un million
de francs pour faire un truc chiant je ne l'aurais pas fait. Aujourd'hui
si on me le propose je le ferais pour disposer du million pour monter
un projet qui m'intéresse. Aujourd'hui, je suis prêt
à faire des concessions, difficilement, mais je peux le faire.
Et vous n'avez rencontré personne à
cette époque qui pouvait vous aider?
Gilles Gangloff : Peu. A la Bohême, le Théâtre
des Déchargeurs, Marc Legrand et sa fille. Nous avons fait
d'excellentes créations mais qui ne nous rapportaient rien.
Ensuite, je suis retourné à Lyon pour me refaire une
santé physique et financière et reprendre confiance
en moi. Et puis à Lyon, je m'ennuyais un peu. Je rêve
encore un peu de gloire.
Vous avez parlé de votre lieu à
Lyon et Gilles Hoyer nous a également fait part de son souhait
d'avoir un lieu à lui.
Gilles Gangloff : Pour moi c'est un objectif à
long terme. Ce sera la première chose que je ferais si je
gagnais de l'argent. Pour être libre. Et pour prévoir
la chute parce que dans ce métier on redescend obligatoirement
un jour ou l'autre. Tu n'as rien à demander à personne.
Tu fais. Si c'est de la merde, ce n'est pas grave c'est ta merde
à toi. Je souffre beaucoup du manque de liberté.
Comédien, metteur en scène, auteur,
professeur d'art dramatique, avez-vous une préférence?
Gilles Gangloff : Je préfère la mise
en scène même si j'en ai peu fait mais je ne peux pas
m'arrêter de jouer. Surtout jouer avec les copains.
Vous avez déjà beaucoup pratiqué
la co-écriture notamment avec Marc Gelas. Est-ce un goût
particulier pour ce mode d'écriture?
Gilles Gangloff : J'ai commencé par écrire
seul. Ensuite, Marc Gelas m'a rejoint dans mon théâtre.
Nous n'écrivions pas vraiment à 2. Nous avions chacun
nos sketches mais nous les jouions ensemble au sein d'un spectacle
dont nous écrivions ensemble la structure. Mais j'aime les
2 exercices. J'aime écrire seul car il y a des choses que
l'on ne peut pas partager.
Parlez-nous un peu de votre collaboration avec
Gilles Hoyer dans la mesure où vous avez déjà
un bon background alors qu'il est débutant et que vos univers
sont sans doute différents?
Gilles Gangloff : Oui, complètement.
Gilles Hoyer : Oui, je fais des fautes d'orthographe
(Rires)
Gilles Gangloff : Nous avons co-écrit la
pièce "La césarienne" à partir d'une
mini trame écrite par Gilles sur un thème dont nous
avions parlé, une saynète…
Une saynète…
Gilles Gangloff : Oui. Nous avons travaillé
chacun à tour de rôle en nous renvoyant le texte amendé.
Ensuite on s'est dit : "On arrête les conneries et on
en reparle". On en a parlé et ça s'est fait en
2-3 phases.
A l'origine le projet était basé
sur des sketches?
Gilles Gangloff : Non, pas du tout. Dès
le début il s'agissait d'une pièce. Je ne suis d'ailleurs
pas très féru de sketches. Gilles est plus structure
et moi plus axé sur la vie. C'était une histoire dans
laquelle nous voulions parler de plein de choses : les comédiens
qui rament…
Gilles Hoyer : ..on ne rame plus…on a ramé…
Gilles Gangloff : …qui auraient pu ramer,
leurs fantasmes par rapport à la gloire, le rapport des pères,
que nous sommes tous les deux.
De qui vient l'argument de base?
Gilles Gangloff : Je voulais faire une pièce
qui se passait dans une salle d'attente de maternité.
Gilles Hoyer : Ensuite il est difficile de déterminer
qui a eu l'idée de quoi. D'autant que nous en avons tellement
parlé.
Le bébé et les enfants, thème
de votre one man show, est-il un thème récurrent pour
vous?
Gilles Hoyer : Oui, un peu.
La distribution des rôles était-elle
prévue à l'origine et chacun a-t-il écrit son
rôle?
Gilles Gangloff : Nous avons écrit les personnages
qui sont grandement inspirés de nos personnalités.
Mais ensuite nous les avons retravaillés. Pour les dialogues,
il est vrai que nous les avons adaptés à ce que nous
sommes. Mais c'est vraiment un patchwork. Nous ne défendons
pas chacun notre bout de gras ou nos phrases. Ça n'aurait
d'ailleurs aucun intérêt. La co-écriture c'est
la mise en commun de deux énergies. On apporte une idée
et si elle ne trouve pas un écho positif chez l'autre on
la met à la poubelle.
Après l'écriture est venu le temps
de la répétition et de la mise en scène. Comment
cela s'est-il passé?
Gilles Hoyer : Bien. Gilles a vraiment l'œil
et l'instinct pour la mise en scène. Donc j'étais
en confiance.
Gilles Gangloff : La mise en scène se passe
de l'intérieur avec les comédiens. Donc il en a été
ainsi mais nous disposions de très peu de temps : 10 jours.
Nous sortions des répétitions complètement
KO. Nous avons bien travaillé mais il faut encore travailler.
Gilles Gangloff est-il un bon metteur en scène
pour quelqu'un qui débute?
Gilles Hoyer : Oui, carrément. Il sait bien
parler aux comédiens, sans les froisser.
Gilles Gangloff : Moi je travaille à l'indienne.
On ne se fait pas de mal. Pour ma part, je suis sensible et fragile
et quand on m'agresse je suis incapable de jouer. Je le ressens
d'autant mieux quand les gens sont mal à l'aise. Et gilles
est comme moi il y a 10 ans.
Gilles Hoyer est-il un bon élève?
Gilles Gangloff : Ah oui ! Gilles est un très
bon comédien…en devenir. Il arrive même à
m'émouvoir sur scène.
Donc il a du potentiel?
Gilles Gangloff : Bien sûr.
Les deux personnages de la pièce
sont assez proches de la perception qu'a le spectateur de vos deux
personnalités.Vous paraissez très complémentaire.
Pour l’un l’assurance, la superbe, le flegme, l’aisance
sous lesquelles couvent fragilité et tendresse, et pour l’autre,
la réserve, le côté pataud des débutants
et une grande humanité avec des déflagrations de colère
ou d’indignation. L’opposition des contraires est d’ailleurs
une des clés de la réussite des duos comiques.
…après maintes rigolades pour cacher une petite
gêne…
Gilles Hoyer : C'est très juste.
Gilles Gangloff : Il est vrai que nous avons voulu
jouer avec nos personnalités.
La pièce se joue en juillet au Koçona
café avec une programmation relativement modeste. S'agit-il
d'une mise en bouche avec des projets de reprise à la rentrée
?
Gilles Gangloff : Le but est de faire exister cette
pièce et d'avoir une vitrine pour la proposer à des
théâtres comme le Blancs Manteaux et le Mélo
d'Amélie. Cela étant pour le moment personne ne nous
fera confiance sur nos seuls noms. Il faut trouver des lieux où
on pourra faire quelques représentations pour appeler l'attention
des professionnels sur notre travail.
Quels sont vos autres projets ou actualités?
Gilles Gangloff : A compter d'août, je vais
jouer" L'homme des cavernes" de Rob Becker au Théâtre
Le Méry jusqu'en octobre à 20h20 cinq soirs par semaine
avec possibilités de prolongation si ça marche.
Gilles Hoyer : Je vais jouer "La fille aux
pères" de Fabrice Blind et Michel Delgado au Théâtre
Le Méry à 22 heures à partir de novembre.
Avez-vous d'autres projets communs?
Gilles Hoyer : Oui, un enfant ! (rires)
Gilles Gangloff : Rien de concret encore mais des
idées. Et puis j'ai déjà trois pièces
qui ont été jouées en province et une non encore
créée.
Gilles Hoyer : Et puis il y a le projet "cure-dents".
Nous avions travaillé sur un projet télé sur
le milieu dentaire. Le projet ne s'est pas fait mais Gilles a tout
récupéré.
Gilles Gangloff : Effectivement, on avait déjà
travaillé sur des personnages et on peut en faire une pièce.
D'ici août, on va se remettre au travail.
Allez-vous voir les autres comiques et à
quel genre d'humour êtes-vous sensible?
Gilles Hoyer : Le nôtre ! (rires)
Gilles Gangloff : J'aime moins les spectacles à
sketches et ce depuis gamin. Ou alors les one man show qui se déroulent
comme des pièces. Mais j'en ai beaucoup vu et j'ai du mal
maintenant. Je vais voir ceux des copains. Quant au théâtre,
j'y vais quand j'ai des invitations car le prix des places est trop
élevé. Et puis j'ai souvent été déçu.
Je trouve que cela manque de folie. De plus comme au niveau de la
création dès qu'on propose quelque chose d'un peu
original on essuie un refus, cela appauvrit un peu le paysage théâtral.
J'aime beaucoup Fellag, j'adore Boujenah que je
détestais quand je le voyais à la télé
quand j'étais jeune. Pas tant ce qu'il dit mais ce qu'il
dégage. C'est lui qui m'a redonné envie du one man.
J'avais aussi apprécié Jean Dujardin qui avait du
charisme sur scène. Le spectacle aussi de Philippe Lellouche
qui est bon quand il fait du stand up.
Gilles Hoyer : J'adorais Gustave Parking mais c'est
toujours un peu pareil. Le caveman. J'aime bien Bénureau
aussi. En pièce, "Un petit jeu sans conséquence".
Gilles Gangloff : Je suis plutôt comédie
mais je garde un excellent souvenir de "Célimène
et le cardinal" de Jacques Rampal avec Gérard Desarthe
et Ludmilla Mikael .
Qu'appréciez-vous le plus chez l'autre?
En un seul mot bien sûr…pas de panygérique!
Gilles Hoyer : Le prénom (rires)
Gilles Gangloff : L'humanité.
Gilles Hoyer : La passion…que nous partageons…on
aime la même femme..(rires)
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